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Gérard de Nerval



Prière de socrate - Poéme


Poéme / Poémes d'Gérard de Nerval





O toi dont le pouvoir remplit l'immensité,
Suprême ordonnateur de ces célestes sphères
Dont j'ai voulu jadis, en ma témérité,
Calculer les rapports et sonder les mystères;
Esprit consolateur, reçois du haut du ciel

L'unique et pur hommage
D'un des admirateurs de ton sublime ouvrage,
Qui brûle de rentrer en ton sein paternel !



Un peuple entier, guidé par un infâme prêtre,

Accuse d'être athée et rebelle à la foi

Le philosophe ardent qui seul connaît ta loi,

Et bientôt cesserait de l'être,

S'il doutait un moment de toi.

Eh ! comment, voyant l'ordre où marche toute chose,
Pourrais-je, en admirant ces prodiges divers,
Cet éternel flambeau, ces mondes et ces mers,
En admettre l'effet, en rejeter la cause?



Oui, grand
Dieu, je te dois le bien que j'ai goûté,

Et le bien que j'espère;
A m'appeler ton fils j'ai trop de volupté

Pour renier mon père.

Mais qu'es-tu cependant, être mystérieux?

Qui jamais osera pénétrer ton essence,

Déchirer le rideau qui te cache à nos yeux,

Et montrer au grand jour ta gloire et ta puissance?

Sans cesse dans le vague on erre en te cherchant,
Combien l'homme crédule a rabaissé ton être!
Trop bas pour te juger, il écoute le prêtre,
Qui te fait, comme lui, vil, aveugle et méchant.
Les imposteurs sacrés qui vivent de ton culte,
Te prodiguent sans cesse et l'outrage et l'insulte;
Ils font de ton empire un éternel enfer,
Te peignent gouvernant de tes mains souveraines
Un stupide ramas de machines humaines,
Avec une verge de fer.

A te voir de plus près en vain il veut prétendre ;
Le sage déraisonne en croyant te comprendre,

Et, d'après lui seul te créant,
En vain sur une base il t'élôve, il te hausse;



Mais ton être parfait n'est qu'un homme étonnant,
Et son
Jupiter un colosse.

Brûlant de te connaître, ô divin
Créateur!

J'analysai souvent les cultes de la terre,

Et je ne vis partout que mensonge et chimère;

Alors, abandonnant et le monde et l'erreur,

Et cherchant, pour te voir, une source plus pure,

J'ai demandé ton nom à toute la nature,

Et j'ai trouvé ton culte en consultant mon cour.

Ah! ta bonté, sans doute, approuva mon hommage,
Puisqu'en toi j'ai goûté le plaisir le plus pur;
Qu'en toi, pour expirer, je puise mon courage,

Dans l'espoir d'un bonheur futur!
Réveillé de la vie, en toi je vais renaître.
A tous mes ennemis je pardonne leurs torts,
Et. puisque je me crois digne de te connaître,
Je descends dans ton sein, sans trouble et sans

remords.

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Gérard de Nerval
(1808 - 1855)
 
  Gérard de Nerval - Portrait  
 
Portrait de Gérard de Nerval

Biographie / chronologie

1808.

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Si l'on excepte divers ouvrages dramaturgiques (Lara, 1833!; Léo Burckhart, 1839), l'ouvre de Nerval est essentiellement romanesque et poétique.

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