Guillaume de Poitiers |
Puisque j'ai désir de chanter, Je ferai un « vers » sur ma peine : Je ne servirai plus Amour En Poitou ni en Limousin. Je m'en vais partir pour l'exil : En grande peur, en grand péril. En guerre laisserai mon fils : Ses voisins lui feront du mal. Qu'il m'est cruel de m'éloigner De ma seigneurie de Poitiers ! Je laisse en garde de Foucon Toute la terre et son cousin. Si Foucon d'Angers - ni le roi De qui je tiens mon fief- ne l'aident, La plupart lui feront du mal : Félons Gascons et Angevins. S'il n'est très prudent et très preux. Quand je serai parti de vous, Ils l'auront vite mis à bas, Le voyant si jeune et si faible. Si je fis tort à mon prochain, Je crie merci, qu'il me pardonne ! J'en prie Jésus, le roi du ciel, Dans mon roman et mon latin. J'ai été tout Joie et Prouesse, Mais je dois quitter l'une et l'autre, Et partir, ores, vers Celui Où tous pécheurs trouvent la Paix. J'ai été bon vivant et gai, Mais le Seigneur ne le veut plus ; Et j'ai peine à porter le faix. Tant je suis proche de la fin. J'ai laissé tout ce que j'aimais : La chevalerie et l'orgueil... Tout ce que Dieu veut, je l'accepte, Et le prie de m'unir à lui. Je prie mes amis qu'à ma mort Ils viennent tous et fort m'honorent Car j'ai connu Joie et Liesse, Loin et près, et dans ma demeure ; Je quitte ici Joie et Liesse Et vair et gris et zibeline... |
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Guillaume de Poitiers (1071 - 1126) |
Portrait de Guillaume de Poitiers |
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