Guillevic Sphère |
à André Frénaud. Auprès d'une eau trouvée Dans un ruisseau de mai, La douceur était là, Qui manquerait. Vous étiez entre vous, buissons. C'était permis. Envers les puits la lune Avait de la pitié, Mais entre les bois Les prés criaient Et par la lumière de la lune Revenaient leurs cris. A la lumière de la lune, Quelle mesure demander? * Bonne3 à toucher : La feuille du noisetier, L'eau dans l'ornière, La mémoire de la violette. * La courbe que l'oiseau Va suivre s'il s'envole. * Quand la bruyère encore Entre soleil et soir Se gardait de bouger, Le ramier Ne fut pas de trop. * Une voix Peut sortir du bois. Peut-être déjà Voudrait-elle venir Avec son corps. * Entre la lune et les buissons Il y a une longue mémoire Et des souvenirs de corps qui s'aimèrent, Mais qui maintenant Sont devenus blancs. * L'étang doit savoir Et sous la lumière de la lune Il en dort mal. * Pierres froides pour les joues de l'homme. Pierres froides sous le cou de l'homme. * Écoutant le vent, lui, Écoutant la lune, Écoutant vos dires, O buissons malgré l'étendue. L'eau coule plus bas Raconte pour qui sait entrer. Le froid Est ouvert toujours. * Quoi lui échappe et fait Qu'il n'est pas d'ici? Exilé même Du pays des larmes. Espèce d'otage Désigné, oublié. * Que ses regards posés N'arrêtent pas les couleurs. * Repliées ou qui se replieront Sur le temps qui leur est épais et donné, Des bêtes. Plus ou moins dormant - Mais dormir? Douces au toucher, souvent, D'autres comme les rochers. Toutes, quand elles regardent, Avec des yeux pires que l'étang. . Cherche au bout du chemin Une vieille maison dans son peu de lumière. Qu'elle résonne comme ayant la mesure Lorsque la lune est avec elle. . Qu'il y ait dans cette maison Une femme sans emploi, Ce regard Où le soleil a calmé la lune Et des seins pour votre gloire. . Pervenche, pervenche, Dis-le-lui, prédis-le-lui Que, cette fois, Ce n'est pas pour qu'on l'écarte. Toute la terre en parlant Viendrait à lui par le noisetier. Toute la terre en tremblant Viendrait à lui par ses yeux à elle. * Alors il pourra boire, après, Et rire avec les gens du pays, Peut-être sourire Au milieu des gens du pays, Comme les corps trop blancs ne font plus, Comme font parfois les buissons, Lorsque la lune a vaincu le vent Et qu'ils sont entre eux, Tolérant le lièvre Et les rêves de quelques pierres. * L'amour qu'il a lui donne Un autre aspect des fleurs. Souriant pour ceux du pays et pour lui Qui fut reçu, Quand la lune accompagnait les buissons, Que dormaient plus ou moins les bêtes. Dans leurs yeux pires que l'étang Apporter la douceur De l'eau du ruisseau de mai, Et que les corps trop blancs N'aient plus si froid hors des buissons, Que la lune s'enchante à la courbe de l'oiseau, Que le répit s'étende aux prés. * Le lendemain d'une longue journée de travail, Dans le matin de fraises des bois et d'alouettes, Le soleil plus pressé que lui, Il savait ce que c'est Que bien dormir. * Vers l'avant ni vers l'arrière Le chemin ne s'arrête là. La lumière de la lune N'a pas abdiqué. Pour les joues de l'homme La pierre encore peut être froide Et sa bouche crier Comme font les prés. |
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Guillevic Sphère (1907 - 1997) |
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Portrait de Guillevic Sphère | |||||||||
La vie et l'Ouvre de guillevigGuillevic est né à Carnac (Morbihan) le 5 août 1907. BibliographieGuillevic était l'un des poètes majeurs de notre temps, avec une oeuvre dépouillée, cristalline et forte, traduite en plus de quarante langues dans 60 pays. Pour lui, la poésie permettait de maîtriser l'inquiétante étrangeté des choses. Sa langue dans de courts textes, était précise, dépouillée et travaillée au point qu'un critique avait qualifié sa poésie, d'aiguë et brillante comme un rocher bre |
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