Guy Le Fevre de La Boderie |
Naissance: 9 août 1541 Sainte-Honorine-la-Chardonne Décès: 10 juin 1598 Guy Le Fèvre de La Boderie est un poète, savant et traducteur français de la Renaissance. Son père s'appelait Jacques Le Fèvre, seigneur de La Boderie, et sa mère Anne de Mombray. Il eut plusieurs frères et sours, nommés Anne, Nicolas, Pierre, Antoine, Hippocras et Jean. Dans son Élégie à La Boderie, il évoque ainsi son lieu de naissance : « Ô lieu plaisant, terre trois fois bénie,/ Où en naissant me reçut mon génie,/ En l'avant jour de saint Laurent lauré,/ Jà dès le bers de laurier entouré ». Il parle dans sa poésie de séjours qu'il fit dans sa jeunesse à Paris, à Lyon, à Mâcon et en Bretagne. François de Belleforest, en sa Cosmographie universelle de 1575 : « Le long de la rivière d'Orne s'offre la ville de Falaise, dite ainsi suivant le mot ancien gaulois, à cause des rochers et promontoires qui sont es entours, et lesquels on découvre de loin en avant du côté de la mer : mais j'ai retiré une autre interprétation de ce docte et rare Gentihomme Guy Le Fèvre, seigneur de La Boderie, qui me semble gentille et pertinente ; lequel, comme il est bien versé aux langues, et surtout en l'hébraïque, a trouvé que Fêles ou Fales, mot hébreu, qui signifie cette languette qui tient une balance en son contrepoids, a esté jadis donné par les premiers enfants de Noé passés dans la Gaule, à la ville ou château de Falaise, à cause qu'elle est assise comme en égale distance au fonds d'un vallon, ceinte et environnée de toutes parts de montagnes : et bien qu'elle soit posée en le vallon, si est ce que toutes les avenues et les faux bourgs conduisant vers icelle sont encores plus bas qu'elle, et elle leur sert de contrepoids. » Falaise était le lieu de naissance du poète, le 9 août de 1541 sans doute : « O lieu plaisant, terre trois fois bénie, Où en naissant me receut mon Génie En l'avant-jour de Sainct Laurens lauré, Jà dés le bers de laurier entouré ! » Ses armes étaient de sable au chevron d'argent accompagné de trois croissants de même, deux en chef, l'autre en pointe. Il était l'aîné de huit : deux moururent en bas âge, deux autres furent victimes des guerres de religion. Une sour entra dans les ordres. Un frère, Antoine, fut ambassadeur ; un autre, Nicolas, travailla, avec son frère, sous la direction de Guillaume Postel, à la grande ouvre de l'imprimeur Christophe Plantin, la Bible polyglotte d'Anvers. Il ne se maria jamais, mais consacra sa vie à l'étude, principalement des langues, notamment l'hébreu et le syriaque : « La nature m'engendra sous quelque astre favorable pour développer l'étude de cette langue sacrosainte. ]'oserai dire de moi sans forfanterie que pour l'apprendre je n'ai eu aucun précepteur, pas même pour en trouver l'alphabet et l'épeler. Je fus, comme ne craignit pas de dire Guilaume Budé, pour ses études grecques, autodidacte et théodidacte. En effet, quand à Paris j'eus consacré quelques mois à l'étude de l'hébreu, je me mis aussitôt à étudier les rudiments de la langue syriaque. Je ne fis d'abord qu'apprendre à épeler l'alphabet et à en tracer les caractères. Il n'existait alors ni grammaire ni dictionnaire. Ce n'est qu'ensuite que je me mis à recopier et à traduire le Nouveau Testament syriaque publié à Vienne. Encore que la difficulté dépassât mes propres forces, je pus réussir, avec l'aide de la grâce divine. » Il mourut après 1590. C'est chez Plantin que paraît en 1571 l'Encyclie des secrets de l'éternité, un long poème en alexandrins, construit en huit cercles. L'ouvrage démontre l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme, contre les athées. Dans la Préface, l'auteur reconnaît qu'il emprunte au platonisme des notions telles que l'âme du monde ou l'harmonie des cieux, mais affirme son attachement à la vérité catholique. C'est à la lumière des spéculations cabalistiques de Postel que se comprennent de nombreux passages : l'évocation de la Sagesse créée avant toutes choses, les variations sur le nom de Yahvé, ou la mention de la Vierge rédemptrice. On perçoit dès le préambule la tonalité mystique d'une poésie qui n'est pas une description de phénomènes et de lois, mais une méditation sur l'ouvre de l'esprit divin dans la création. Ce souffle divin se manifeste d'abord dans la dignité de l'être humain, doté d'un « esprit qui contemple et qui se meut/Sans objet présenté », c'est-à-dire sans avoir besoin d'un objet extérieur. Ouvres L'encyclie des secrets de l'éternité, Anvers, C. Plantin, 1571 Severi Alexandrini, de Ritibus baptismi et sacrae synaxis apud Syros christianos receptis liber, nunc primum in lucem editus, Guidone Fabricio Boderiano interprete, Anvers, C. Plantini, 1572, traduit par Guy Le Fèvre de La Boderie Juan Andrés, Confusion de la secte de Muhamed, livre premièrement composé en langue espagnole, par Jehan André et tourné d'italien en françois par Guy Le Fevre de La Boderie, Paris, M. Le Jeune, 1574 Jerónimo Muñoz, Traicté du nouveau comète et du lieu où ils se font, et comme il se verra par les parallaxes combien ils sont loing de la terre, et du pronostic d'iceluy, composé premièrement en espagnol par M. Hiéronyme Mugnoz, et depuis traduict en françoys par Guy Le Fèvre de La Boderie, plus un Cantique sur la dicte estoille ou apparence lumineuse, Paris, chez Martin Le Jeune, ruë Sainct Jean de Latran, à l'enseigne du Serpent, M. D. LXXIIII Bible syriaque ; Novum Domini Nostri Jesu Christi Testamentum syriace, Antverpiae, ex officina Christophori Plantini, ditio de Christophe Plantin, 1569-1572 connue sous le nom de Bible polyglotte d'Anvers, suit le texte syriaque éd. par Guy Le Fèvre de La Boderie Marsile Ficin, Discours de l'honneste amour sur le Banquet de Platon à la sérénissime royne de Navarre, traduits de toscan en françois par Guy Le Fèvre de La Boderie, Paris, J. Macé, 1578 La Galliade, ou De la révolution des arts et sciences, Paris, G. Chaudière, 1578 Hymnes ecclésiastiques, cantiques spirituels et autres meslanges poétiques, Paris, R. Le Mangnier, 1578 L'harmonie du monde, divisée en trois cantiques ; ouvre singulier et plein d'admirable érudition, composé 1° en latin par François Georges, Vénitien, de la famille des frères Mineurs, et traduit et illustré par Guy Le Fèvre de La Boderie, 1578 De la Nature des dieux de Marc. Tul. Cicéron, traduits en françois par Guy Le Fèvre de La Boderie, Paris, A. L'Angelier, 1581 Marsile Ficin, Les trois livres de la vie : le I, pour conserver la santé des studieux ; le II, pour prolonger la vie ; le III, pour acquérir la vie du ciel, avec une Apologie pour la médecine et astrologie. Le tout composé en latin par Marsille Ficin, et traduit en françois par Guy Le Fèvre de La Boderie, Paris, A. L'Angelier, 1581 Diverses meslanges poétiques, Paris, R. Le Mangnier, 1582 De l'enfantement de la Vierge, Royne des vierges, imité du latin de Jacques Sannazar, gentil-homme néapolitain, par Guy Le Fèvre de La Boderie, secretaire de Monseigneur frère du Roy & son Interprete aux langues estrangeres, Paris, Abel l'Angelier, 1582 traduction/adaptation de De partu Virginis de Jacopo Sannazaro Sur les cinq cercles de sa Galliade : « Afin, Lecteurs Débonnaires, que vous ne vous égariez aux replis de cette ouvre, ainsi que dans un Labyrinthe, j'ai bien voulu vous avertir, que le fil de celui-ci n'est pas tissu, tramé, ni ourdi à la façon du Poëme Héroïque, duquel la toile est pour la plus part tissée de fables, et contes plaisans, et qui se propose plutôt pour son but et fin la délectation, et le vraisemblable, que non pas l'utilité et la vérité. Je l'ai donc nommé Galliade, non pour imiter Iliades, Enéides, ni autres tels Poèmes et inventions empruntées des fables moisies des Grecs, ou des vieux Romains : mais parceque je me suis essayé d'y traiter de la Révolution des Arts et Sciences, et ensemble y recueillir les honorables témoignages et marques de l'Antiquité, que tous les bons Auteurs de presque toutes langues et nations donnent aux anciens Gaulois nos majeurs et devanciers. «J'emprunte l'étymologie et déduction de Galliade du verbe Hébreu Galal, qui signifie déployer et retourner : et j'ai divisé et distingué l'ouvre entier en cinq cercles, au repli desquels j'ai pris la peine d'encercler brièvement l'origine, progrés et perfection qu'ont acquis les bonnes lettres au cours des Siècles presque par tout le Rond de la Terre, et nommément de nôtre Gaule. « Le premier cercle contient sommairement les partitions de la Terre habitable. « Au second cercle je traite de l'Architecture brièvement. « Au cercle tiers je discours particulièrement du savoir admirable de nos Druides en la connaissance de toutes disciplines, jusques au sommet et suprême de quoi est la Magie naturelle, et faculté de prévoir les choses à venir. « Au quatrième cercle, j'ai traité de la Musique, et Harmonie, tant du Monde Archétype, Céleste et Elémentaire, que celle de l'Homme ou Petit-Monde, et des merveilleux effets qu'elle produit. « Finalement au cinquième et dernier j'ai traité de la Poésie, laquelle bien que je l'ai mise entre les Arts et Sciences, semble toutefois être plutôt une sainte fureur et élévation d'esprit, que non pas une doctrine acquise par industrie et puissance humaine. » |
Guy Le Fevre de La Boderie (1541 - 1598) |
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Portrait de Guy Le Fevre de La Boderie | |||||||||