Hassan Ouezzani |
Il aurait mieux valu que le monde ne fût pas que la race reportât ses ébats à une autre soirée que le seigneur et maître fût fatigué cette nuit-là que la terre fût déprimée que quelque chose se produisît pour que la semence coupât court à elle-même la semence dont le descendant est ce résident de la maison des tourments celui-là même auquel le ciel n'a accordé que la tunique du feu qui dévore maintenant ses membres celui-là qui tente en vain de radoucir la nostalgie de l'ombre sienne, que nul verre ne révèle et nuls brasiers de la parole n'éteignent En vain affronte-t-il l'envie de l'origine qu'il a confiée au fleuve En vain maudit-il les gardiens de la terre et du ciel qui, précédés par les flammes ont investi un à un et en groupe l'Acropole Vieilli. L'âge que sa joue arbore a alourdi ses pas Vieilli, il interroge sept cieux et une nuit sourde : passera-t-il une vie de sagesse, la gaspillera-t-il ? Se l'ôtera-t-il ? Brûlera-t-il ses noms ou se crèvera-t-il les yeux et deviendra-t-il pour le fleuve un ami ? Aimable. Il boit son dernier verre Pas de patrie où se prémunir contre les avanies et pour seule demeure l'étonnement. Aimable il soulève haut sa poitrine et crie : Ô mon Dieu prête-moi une plus longue vie afin que je boive cette coupe jusqu'à la lie Pieux. Tantôt il atteste que la sagesse est son viatique et la folie un nuage fatigué tantôt la folie devient sa monture et voilà qu'il égorge la sagesse au seuil de la taverne désertée Obstiné. déclare l'ultime guerre à son ombre. Il ouvre un autre front pour précipiter la mort Tl foule le champ de bataille précédé par le battement des tambours, les foules, les dates de la tragédie les peuples effondrés et d'autres célébrant leurs réjouissances les cortèges des morts, les seigneurs de Rome, leurs croix les gardiens de la terre, ses dépossédés Il foule le champ de bataille L'épuisement se lit dans ses yeux et ses épaules ploient sous la nuée des outrages entraînés par la course de la vieillesse Il est ainsi pieux jusqu'à la servilité abject jusqu'à la pureté doux jusqu'à la bassesse. Mystique à sa manière Maître du vent et de la pluie. Commensal du verre et de l'aube Pensionnaire de l'asile de l'âme. Martyr de la guerre des langues Il est ainsi ayant noué un pacte entre lui et son nom Entre lui et les vagues il a mis des frontières tissées par les battements du cour, des tombes habitées par la passion du jeune homme déchaîné Il est ainsi plus beau que le monde |
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Hassan Ouezzani (1970 - ?) |
Portrait de Hassan Ouezzani |