Henri de Régnier |
Je ne vous parlerai que lorsqu'en l'eau profonde, Votre visage pur se sera reflété, Et lorsque la fraîcheur fugitive de l'onde, Vous aura dit le peu que dure la beauté. Il faudra que vos mains pour en être odorantes, Aient cueilli le bouquet des heures, et tout bas, Qu'en ayant respiré les âmes différentes, Vous soupiriez encore maois ne souriez pas. Il faudra que le bruit des divines abeilles, Qui volent dans l'air tiède et pèsent sur les feuilles, Ait longuement vibré au fond de vos oreilles, Son rustique murmure et sa chaude rumeur. Je ne vous parlerai que quand l'odeur des roses, Fera frémir un peu votre bras sur le mien, Et lorque la douceur qu'épand le soir des choses, Sera entrée en vous avec l'ombre qui vient. Et vous ne saurez plus, tant l'heure sera tendre, Des baumes de la nuit et des senteurs du soir, Si c'est le vent qui rôde ou la feuille qui tremble, Ma voix ou votre voix ou la voix de l'Amour. |
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Henri de Régnier (1864 - 1936) |
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