Honoré d'Urfé |
Je le confesse bien, Phyllis est assez belle Pour brûler qui le veut ; Mais que, pour tout cela, je ne sois que pour elle, Certes il ne se peut. Lorsqu'elle me surprit, mon humeur en fut cause, Et non pas sa beauté ; Ores qu'elle me perd, ce n'est pour autre chose Que pour ma volonté. J'honore sa vertu, j'estime son mérite Et tout ce qu'elle fait ; Mais veut-elle savoir d'où vient que je la quitte ? C'est parce qu'il me plaît. Chacun doit préférer, au moins s'il est bien sage, Son propre bien à tous ; Je vous aime, il est vrai, je m'aime davantage : Si faites-vous bien, vous. Bergers, si dans vos cours ne régnait la feintise, Vous en diriez autant ; Mais j'aime beaucoup mieux conserver ma franchise Et me dire inconstant. Qu'elle n'accuse donc sa beauté d'impuissance, Ni moi d'être léger ; Je change, il est certain ; mais c'est grande prudence De savoir bien changer. Pour être sage aussi, qu'elle en fasse de même, Egale en soit la loi. Que s'il faut par destin, que la pauvrette m'aime, Qu'elle m'aime sans moi ! |
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Honoré d'Urfé (1567 - 1625) |
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Portrait de Honoré d'Urfé | |||||||||
Second livre des délices de la poésie françoise |
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