Jacques Chessex |
Rencontre des morts ce matin Dans l'odeur aiguisée des grands sapins Comme un baiser de l'au-delà dans ma bouche Nouvelle rencontre des morts ce soir Chant de ta couche, ô terreuse Toi qui demeures mon amie Avec l'oiseau à la gorge de cristal opaque Et la fougère à la porte du dernier repos ou du Songe Autre rencontre des morts cette nuit Et réellement baiser des morts dans ma bouche Avec l'air nettoyeur des tombes Et leur bouche d'os sans salive et le vent pluvieux survenu du vide Par-dessus la forêt et les prairies dans le vide Mais moi, qui lave ma bouche profonde? Qui nettoie mes os de vivant entre ces morts? Quoi sonne la cloche qu'on n'entend plus dans la nuit fluide? Encore la rencontre des morts ce matin Dans l'odeur de terre gorgée de voix et de larmes L'aimant des grands sapins attire mes lèvres comme une aisselle Fruit suspendu entre terre et ciel Je n'ai pas de mélancolie Ni de regret à la ruse du temps fuyant J'écoute son bruit dans le broiement des mandibules Bouche des morts de jour à luire en jour de deuil Chante un chant gai et mortel sur le seuil Jour à jour de l'aube jaune au crépuscule |
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Jacques Chessex (1934 - 2009) |
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Portrait de Jacques Chessex | |||||||||
BiographieJacques Chessex fait ses études à Fribourg, puis à Lausanne où il entreprend des études de lettres et rédige un mémoire sur Francis Ponge. Il s'oriente ensuite vers l'enseignement du français, mais écrit dès son plus jeune âge de la poésie. Il publie en 1954 un premier recueil Le jour proche, bientôt suivi de trois autres volumes Chant de printemps, Une Voix dans la nuit, Batailles dans l'air. |
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