Jacques Chessex |
Quand j'irai à la vraie place Au moins que ce soit un jour de cerisiers et de lilas Et que ma tête ne ressemble pas encore à celle des morts Avec cette mâchoire qu'ils ont Avant qu'elle se détache et tombe seule dans l'ossuaire Ce matin je pense à toi, Mozart Dans ta fosse de tibias et de crânes Ô glorieux, et ce jour-là qui était ton jour ton ange pleurait Parce que Dieu avait voulu pour toi Ce Golgotha inversé dans la pluie du vieux novembre À ma mort qu'il n'y ait pas d'ange mais qu'il me soit donné D'entendre encore une fois la mésange de l'âme Et le rossignol qui a égrené si souvent ses trilles autour de mon cour Que je sois seul moi aussi ' Mais que s'ouvre l'air à ma bouche Que vienne une dernière fois le vent que j'ai bu Avec l'avidité d'un enfant qui tète Et que mes os commencent à descendre avec lenteur Dans la terre printanière Je bois la mort, maintenant L'eau de la mort J'ai les seins du vide aux dents Et le regret du corps aimé en creux dans l'ombre sonore Ah Mozart, chante encore à mon cour sans forme Ce chant céleste où toi et moi N'avons part dans nos espaces |
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Jacques Chessex (1934 - 2009) |
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Portrait de Jacques Chessex | |||||||||
BiographieJacques Chessex fait ses études à Fribourg, puis à Lausanne où il entreprend des études de lettres et rédige un mémoire sur Francis Ponge. Il s'oriente ensuite vers l'enseignement du français, mais écrit dès son plus jeune âge de la poésie. Il publie en 1954 un premier recueil Le jour proche, bientôt suivi de trois autres volumes Chant de printemps, Une Voix dans la nuit, Batailles dans l'air. |
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