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Jacques Du Lorens



Satire viii - Satire


Satire / Poémes d'Jacques Du Lorens





À
Monsieur
Le
Marquis
De
La
Vieuville.

Marquis, dont les vertus, de longtens admirées,

Vous briguent les faveurs des autres desirées,

Recevez les tesmoings du grand contentement

Que la
France reçoit du rare jugement

Que le juste loys a fait de vos merites.

On ne veut plus aux porcs jetter les marguerites.



Si ce siecle boiteux vouloit changer de train,

S'il vouloit separer l'ivraye du bon grain,

Si les enfans d'Atlas, aux espaules plus larges,

Pouvoient à l'advenir se promettre les charges,

Si vertu et sçavoir estoient à l'advenir

Aussi bien que l'argent moyens de parvenir,

Si la chance tournoit, si madame sottise

L'on chassoit de la cour comme un peteus d'eglise,

Si l'on ne mesuroit l'homme par le collet,

Si ce n'estoit honneur de porter le poulet,

Si faire de ces vers n'estoit pas une tache,

Si le vice esloigné pleuroit comme une vache,

Si les sçavans n'estoient au dessous de l'argent,

S'il n'estoit pas requis, pour estre bon agent,

Avoir de tous costez grandes intelligences;

Si la justice estoit pesée avec balances,

Si la mode n'estoit, pour se monstrer prudent

Et parfaict courtisan, qu'il faut estre impudent

Et pratiquer sur soy tous les charmes d'Alcine,

Se metamorphoser sans prendre medecine;

Si, comme par edict on deffend le clinquant,

Toutes sortes d'estats n'estoient plus à l'encant;

Si l'on n'encherissoit sur la coyonnerie,

Si de goinfres bouffons, n'estoit grand confrairie,

Si aux bons rochelois y avoit du fiat,

Si tous d'un mesme ton chantoient exaudiat;

Si, pour faire cherir la paix à la noblesse,

On pouvoit contenter tous ceux que le bast blesse;

Si le peuple françois estoit fort bien uni,

Si le plus grand qui peche estoit le plus puni,

Si la rebellion, par commune maxime

Et par raison d'estat, estoit le plus grand crime,

Pour lequel à mercy jamais homme on ne prit;

Si c'estoit le peché contre le
Saint
Esprit;

Si les mauvais sujects dont l'ame est saincte et double,

Qui, à les bien priser, ne valent pas un double,

Ne tachoient comme ils font de faire peur au roy,

Affin qu'il soit contraint de racheter leur foy;

S'il falloit estre expert pour estre capitaine,

Si on les censuroit, ces chefs, à la douzaine,

Ces avortons de
Mars, qui, en nos mouvemens,

Ne veulent point marcher s'ils n'ont des regimens,

Qui, avec leurs soudars exposez au carnage,

En jeunes medecins font leur apprentissage;

Si la guerre n'estoit un moyen de voler

Sans ailes et sans plume, on n'y voudroit aller;

Si bien courir la poule et manger le bon homme,

Brusler et violer, n'estoient faicts de preud'homme,

Ô!
Qu'ils seroient camus, la pluspart des françois,

Quand se viendroit au poinct d'endosser le harnois!

Ma foy, ils se tiendroient chez eux, cette canaille,

Ou je veux qu'on me croye un sot en devinaille.

Maintenant que l'esprit va les pieds contre mont,

Que tout le monde jure au curé de
Milmont,

Qui à callifourchons est souvent sur les poles,

Il est bien ahanné d'en conter des plus molles;

Puis qu'il revient du ciel, il en doit estre cru.

On mesprise un discours qui est de nostre cru,

C'est au ciel qu'on apprend les meilleures nouvelles;

On void sus son azur si les vignes sont belles,

Si ceste fille un jour trouvera bon party;

Un fin homme en vaut deux, quand il est adverty;

Il est bon de sçavoir déguiser la matiere,

Et dire que l'on a couché au cimetiere;

Dans l'histoire romaine on lit, de
Scipion,

Qu'il fut au tans jadis un vaillant champion,

Celuy qui merita par son brave courage,

Et pour avoir mis bas la ville de
Carthage,

Le surnom d'affriquain, qu'avant de proposer

Un faict de consequence, il souloit reposer

Une nuict pour le moins dedans le capitole,

Pour dire, sans parler, qu'il venoit de l'escole

Du
Sire
Juppiter, et que son action

Estoit au bien public une inspiration.

On sçait comment
Numa fit ses grandes merveilles.

Le peuple de tout tans se prend par les oreilles.

Pour terminer nos si, remede est si tardif;

Mais pourtant, si bien tost cet estat maladif

À toutes ses douleurs avec soin ne l'applique,

Il faut desesperer de la chose publique,

Ou chanter comme un grec, si nous n'eussions esté

Perdus, que nous l'estions; mais la necessité,

À qui mesmes les dieux rendent obeissance,

A forcé le conseil de faire une ordonnance

Qu'il vous falloit tirer des gardes d'ecossois,

Pour estre gardien du thresor des françois,

Vous cognoissant parfait en l'art d'oeconomie,

Joint au brave courage et à la prudhomie;

Cognoissant vostre humeur et vostre esprit brillant,

Semblable à ce dragon qui, jour et nuict veillant,

Gardoit sans clorre l'oeil les pommes hesperides,

Luisantes d'or tout pur, contre les mains avides.

De mesme les romains tirerent à la cour

Cest autre qui prenoit plaisir à son labour,

Pour estre dictateur, considerans que
Rome,

Au fort de son desastre, avoit besoin d'un homme.



On court au medecin lors qu'on sent la douleur,

On essaye tousjours de pisser son malheur;

Aussi bien un estat comme moy, quand je joüe,

Si un saint n'est propice, à quelque autre on se voüe.

Puisque le siecle est d'or, qui d'or est abondant,

On doit bien estimer un superintendant

Qui, fidelle à son roy, ce noble metal serre,

L'ornement de la paix, le secours de la guerre,

Les nerfs, le sang, le tout : car n'y a que tenir

Que sans or un estat ne se peut maintenir.

En l'humeur où je suis, j'en dirois davantage,

Si mes vers couloient d'or comme le fleuve
Tage,

Ou bien s'il vous plaisoit d'estre mon
Moecenas,

Marquis; mais quoy!
Le monde a perdu son
Donas.

On nous croit bien payez quand nostre sausse on gouste;

C'est faute de sçavoir le prix qu'elle nous couste.

Vous oyez ces mignons, par forme de devis,

Ainsi que chez
Cormier, en dire leur advis;

Un tel fait assez bien, cestuy là rien qui vaille;

Mais
Homere, à leur goust, n'est qu'un homme de paille,

Et eux, si j'en suis creu, ce ne sont que des sots.

Un homme né françois, qui n'entend des bons mots,

Quand ils sont bien cousus, la grace et le mystere,

Quelque prelat qu'il soit, c'est à luy de s'en taire.

L'homme n'est ce qu'on voit, il consiste en raison,

Dont le plus vif portraict est la belle oraison.



Et a ce malotru la cervelle moysie,

Qui ses traicts plus naïfs ne marque en poësie.

C'est pourquoy je conclu, sans aller plus avant,

Et puis, si bon luy semble, amis comme devant.

Or, si quelcun vouloit demander pourquoy est ce

Que des poëtes saincts j'exalte la proüesse,

Et si j'oserois bien m'attribuer ce nom,

Je luy satisferois, si je voulois, d'un non;

Il faut d'un importun comme on peut se deffaire,

Mais je ne suis tousjours enclin à satisfaire;

J'ayme mieux le brouiller et tenir en suspens,

J'aimerois mieux plaider et payer les despens.

Autres viendront tous deux, pour sçavoir, de ma muse,

Nouvelles des amours d'Alphée et d'Arethuse,

D'où elle est, qui elle est; tireurs de vers du nez.

Si cecy vous plaisoit, qu'ils seroient estonnez,

Ces restes de niais, ces beaux faiseurs d'enquestes,

Qui pensent hors
Paris qu'il ne croist que des bestes,

Qui le croyent resveurs, non compris
Monfaucon,

Parnasse au double chef,
Aganippe,
Helicon,

Comme si
Apollon, avec ses neuf compagnes,

N'avoit pas habité les bois et les campagnes;

Comme si par dépit il refusoit ses rais

Et sa douce influence au joly
Thymerais,


Diane sa soeur en chassant se pourmene,

Auquel vous possedez un assez beau domene,

D'où vous estes issu du costé maternel!

Il espere de vous un printens eternel

De grace et de faveur, vous estes son zephire,

De vous depend son bien, car vous n'avez qu'à dire.

À moy pour contenter ceux là qui vont disans

Que je suis tout semblable aux pauvres artisans

Qui offrent leur labeur aux plus grands de la
France

Affin d'en retirer plus grande recompense,

Faites les bons devins, en me donnant un jour,

Pour mieux servir le roy, moyen de vivre en cour.

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Jacques Du Lorens
(1580 - 1655)
 
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