Jacques Dupin |
De retour parmi vous le dépôt dont j'ai la garde est-il visible dans son tourbillon? Parmi vous, et ne servant à rien qu'au désordre, qu'aux semailles... lafligeant aux siens l'adoption d'une autre source - et d'une autre ligature - il se blesse, la fatalité du retour le blesse le retranche. mais l'exultation de ceux qu'il trahit tonne dans sa blessure. seconde source, ou encore quelque greffe contribuant à la nuit Comme pour hâter la tombée du jour ma dislocation au cour lisse j'exulte avec le rocher dont la face obscure est celle-là que le soleil a frappé la dernière tard venue mais du fond de la nuit de lèvres mal fermées qui s'obstinent la lumière dévore, ou son absence de limites, un espace franchi pauvrement si je sombre je sombre avec elle le mot duel au bord des lèvres donnant sa forme au silence comme une flûte inclinée la même érudition stridente se détache de la paroi et empierre une route inaccoutumée Ouverte en peu de mots, comme par un remous, dans quelque mur, une embrasure, pas même une fenêtre pour maintenir à bout de bras cette contrée de nuit où le chemin se perd, à bout de forces une parole nue Les fleurs lorsqu'elles ne sont plus leur fraîcheur gravit d'autres montagnes d'air et la volupté de respirer s'affine entre les doigts qui tardent à se fermer sur un outil impondérable Là-bas c'est lui qui disparaît sillon rapide, à l'aube, avant leur blessure pour qu'elles s'ajoutent à d'autres liens, fleurs, jusqu'à l'obscurité lui, venu du froid et tourné vers le froid comme toutes les routes qui surgissent... Tant que ma parole est obscure i) respire ses bras plongent dans l'eau glacée entre les algues vers d'autres proies glacées comme des lampes dans le jour Si peu de réalité parvient au vivant qu'il fasse violence ou qu'il sème hardiment sur la pierre et les eaux le ciel tendu la scansion des marteaux quelques-uns parmi nous sont entrés intercédant pour produite de nouveaux nuages Il ignore où le porte ce souille ou ce bras, les miens, et c'est le prix de notre mésalliance de notre effacement jusqu'à la l'ourche où la lumière s'unifie Pays indescriptible quand le vent se lève et le démembre il brille, je le vois, chaque intervalle nous absorbe chaque pas en retrait scintillant suspend et meurtrit l'imminence du sens les tessons du mur mieux qu'une eau morte réfléchissent les étoiles Sous la roche elle se tient, secrète, la source qui commande d'anticiper sur son jaillissement jamais bêche inutile, amour muré, n'ont lui si loin, si durement avant que la nuée ne se reforme et saigne sous les images dispersées les fleurs accoururent bien que rudoyées le froid des fleurs ouvertes la nuit dont les tiges percent Ja liasse de nos vies antérieures, enfin visibles jusqu'à Ja goutte d'eau, arrondie par le songe avare d'une montagne de granit et de nuit Dans la chambre la nuit plonge une lame fraîche et puissante comme un aileron de requin la nuit séparée des constellations pendant que la montagne glisse les racines du feu portent à l'incandescence la poussière du socle et le sang transpiré par le fer Même si de son cadavre tout ce mâchefer est épris sa mort a favorisé l'élargissement d'une harpe de nerfs la lenteur d'une épissure aux prises avec les ongles arrime le cri sous la bâche j'invente le détour qui le rendrait vivant et l'étendue du souffle au-delà du harcèlement des limites lattes rongées aspects du ciel sporades d'un récit qui se perpétue entre le ressac et la lie Malgré l'étoile fraîchement meurtrie qui bifurque - c'est sa seule cruauté le battement de ma phrase qui s'obscurcit et se dénoue -il est encore capable, lui, de soutenir la proximité du murmure Loin des écluses loin des nasses où agonisent les couleurs toute cime dans nos poings s'emmure et resurgit et se renouvelle ou épauche un excès d'éclat qui sans nous l'étoufferait sans le sang de cette anfractuosité mortelle, et le souffle infiniment ouvert à la faveur du bond qui nous disloque contre la pierre du cri fossilisé toute cime perdue pour les étoiles est une torche ressaisie comme une vie détruite à l'instant dont les mains qui la tordent expriment la lumière La vague de calcaire et la blancheur du vent traversent la poitrine du dormeur dont les nerfs inondés vibrent plus bas soutiennent les jardins en étages écartent les épines et prolongent les accords des instruments nocturnes vers la compréhension de la lumière - et de son brisement sa passion bifurquée sur l'enclume il respire comme le tonnerre sans vivres et sans venin parmi les genévriers de la pente, et le ravin lui souffle un air obscur pour compenser la violence des liens Je rac jetterais dehors si c'était moi seul, cet amour compact, tétions et mortaises, dans le milieu du monde arrêté, toute sa force est dans le front bas et la corne enroulée du bélier, il charge, - comme si c'était moi sa prison, non la limite errante et la soif du ravin où je me jetterais si son sang sa laine noire s'agitaient au vent du roncier, se mêlaient à l'eau du torrent soudain Entre la diane du poème et son tarissement par une brèche ouverte dans le flanc tigré de la montagne elle jaillit, l'amande du feu, la jeune nuit à jeun derrière la nuit démantelée comme elle se doit elle se donne et brûle avec de froides précautions l'ouragan fait souche un éclair unit la nuit à la nuit |
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Jacques Dupin (1927 - ?) |
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