Jacques Dupin |
Marmonnement profonde route ravinée du soleil l'un de nous s'appauvrit et nous devance une immense aversion pendulaire le tirant plus jamais la terre nue, seule à seul, affrontant le langage désert de son propre puits paludéen le tirant l'un de nous que chaque mot torride a saisi (ne forêt nous précède et nous tient lieu de corps et modifie les figures et' dresse la grille d'un supplice spacieux où l'on se regarde mourir avec des forces inépuisables mourir revenir à la pensée de son reflux compact comme s'écrit l'effraction, le soleil toujours au cour et à l'orée de grands arbres transparents Nous courûmes des trombes de soleil mirent en pièces jusqu'au fond de nous la barque la terre un unanime roulement de saveurs s'éloignait dans la lumière des portes arrachées, trombes comme si je naissais, éclairs pour fêter un roi et toutes les étoiles s'enfonçaient dans la mer pour dissiper l'illusion élémentaire, et favoriser le ressac Sous la frayeur du récit inarticulé le soleil la signification de l'octroi aphasique moyeu ton règne depuis que la roue me broie je le nie quelle que soit l'odeur putride des quartiers neufs et les instruments de déclin étalés à nos pieds nous dévorons le mâchefer ce qui s'écrit sans nous en contrebas l'éraflure et la saveur contiguës et désaccordées ce qui s'écrit obliquement sournoisement établissant le calme comme une pyramide sur sa pointe Sans le soleil, en contrebas ce qui s'écrit c'est un corps dont le soubresaut, dont le souffle dont les crocs incestueux... un corps où se creuse la route de quelle plume trempée dans les menstrues de quelle monstre à travers quelle grille caniculaire un corps qui s'éboule, éclate et s'agrège autour de sa crampe à nouveau, et se dresse faille du ciel effervescent Ni conscience, ni lieu, ce qui suit, la fin de quelqu'un, son corps et dans ce glissement de collines la source se dérobe. - ne se résout pas un corps lu avec enjouement sous les vagues le tison, la contre-prophétie cpinglée sur le mur de chaux ou dans le tiroir un libelle attendant son heure Mettant à profit ce laps comme en pleine face une pierre franchirons-nous l'intervalle égarant la césure d'un meurtre qu'il nous incombe de réitérer sans retard nous sommes de retour, la nuit tombe, la mer... bètes descendues du soleil comment tenir fermée la cage où leurs ombres s'entre-dévorent Une branche bat devant le mur blanc neuve antériorité surgissante parmi les embus de son cri un grand corps machinal bouge fleuve aux membres séparés à la musculature jaune prisonnière comme des nouds vieux dans le bois un enchevêtrement de lettres en filigrane dans ses eaux Détaché de la nudité balistique dehors, dedans se rétracte neutre inondé rasant les murs de son ombre violente écriture d'arpenteur pour rejoindre la horde besogne de bornage et d'illusion autour des foyers qu'elle résorbe indice, la lèpre du mur avancé, du mur volatil dont nous sommes solidaires jusqu'au bout, jusqu'aux commissures du brouillard... retour au signe, à la pierre éqiiidistante - et le mètre étalon pour un arpent de félicité Le soleil le dos tourné une ligne nous absout ta mort donne le signal : l'évulsion la trajectoire derrière une vitre sanglante et la grande retombée planeuse des éclats emblématiques débris de soleil sur le remblai Toi. cru mort, seulement dévoyé vers une cible inverse un chemin de ronde avec la salive sèche du renégat scrute ta comptabilité stellaire elle atteint l'obscénité De ce qui hors du temps s'accumule osselets plutôt qu'ossements l'inscription se retire erre dans la forêt comme une-bête une borne qu'on déplace restreinte puis scindée par la banalité d'un mort sans griefs et replongée dans son identité violente pour en resurgir non moins ruineuse que le texte dilacéré du soleil Qui ravaude l'aigre tranchée manteau fendu dans sa longueur contre l'accolade la boue enfante un oiseau et Ja conspiration de l'air maternel bien que réprouvé, bien qu'éblouissant dur horizon rapproché d'un cristal intelligible il résume le voyage la piqûre du serpent a déposé sur nos langues un immense oiseau entravé Nos mains broyées par les outils insaisissables et la lumière s'éloigne de la plaie nos mains énigmatiques à force de froisser le plan du temple de I.ouqsor qui bifurque et bourgeonne à chaque dynastie jusqu'à nous le soleil au-delà l'insoutenable entre chaque vertèbre explosant vivants irréductibles - et la lumière s'éloigne de la plaie |
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Jacques Dupin (1927 - ?) |
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Portrait de Jacques Dupin | |||||||||