Jacques Prevel |
Tous nos amis sont morts Nous nous sommes égarés malgré tous nos espoirs Mais nous étions des êtres capables de mourir Et nous avons été trop semblables à nous-mêmes Et jamais personne ne comprendra Jamais personne ne nous entendra Jamais personne ne se souviendra Et ce soir avec ma poitrine ouverte A tous les battements d'un lourd désastre Je me souviens avec mes larmes Et je sais que nous étions les seuls présents et éternels Les seuls capables de reprendre l'Héritage De nous dresser comme des socs Et de déchirer ce temps mort La tête vide égaré je me souviens que j'ai deux fois vécu Je me souviens que je devrai mourir Je me souviens d'une joie trop brutale Les deux vies que je me suis permises Me retiennent à la gorge Et mon cour est lourd et fatigué de battre Dans le vide de ma tête qui n'a pas de ciel Et que l'exil a rendu méconnaissable aux hommes Mes yeux sont fatigués et le sommeil me traque Je suis étrangement semblable à qui je fus Ayant connu des douleurs aveugles Ayant connu un amour conscient qui me dévore Ayant deux fois vécu |
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Jacques Prevel (1915 - 1951) |
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Portrait de Jacques Prevel | |||||||||