Jacques Prévert |
Dans les montagnes de Cachemire Vit le sultan de Salamandragore Le jour il fait tuer un tas de monde Et quand vient le soir il s'endort Mais dans ses cauchemars les morts se cachent Et le dévorent Alors une nuit il se réveille En poussant un grand cri Et le bourreau tiré de son sommeil Arrive souriant au pied du lit S'il n'y avait pas de vivants Dit le sultan Il n'y aurait pas de morts Et le bourreau répond D'accord Que tout le reste y passe alors Et qu'on n'en parle plus D'accord dit le bourreau C'est tout ce qu'il sait dire Et tout le reste y passe comme le sultan l'a dit Les femmes les enfants les siens et ceux des autres Le veau le loup la guêpe et la douce brebis Le bon vieillard intègre et le sobre chameau Les actrices des théâtres le roi des animaux Les planteurs de bananes les faiseurs de bons mots Et les coqs et leurs poules les oufs avec leur coque Et personne ne reste pour enterrer quiconque Comme ça ça va Dit le sultan de Salamandragore Mais reste là bourreau Là tout près de moi Et tue-moi Si jamais je me rendors. |
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Jacques Prévert (1900 - 1977) |
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Portrait de Jacques Prévert | |||||||||
Biographie / chronologieJacques ne veut rien savoir de tout ce qui s'appelle PRISON, il n'aime guère les prêtres et serviteurs d' Église, car cela représente, à ses yeux, le pouvoir autoritaire, la passéisme le plus absolu et le conformisme le plus borné. La violence de l'anticléricalisme prévertien sera souvent rejetée avec dégoût et escamotée au profit de son intérêt pour les enfants, les fleurs ou les petits oiseaux. |
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