Jacques Prévert |
Dans la plus fastueuse des misères mon père ma mère apprirent à vivre à cet enfant à vivre comme on rêve et jusqu'à ce que mort s'ensuive naturellement Sa voix de rares pleurs et de rires fréquents sa voix me parle encore sa voix mourante et gaie intacte et saccagée Je ne puis le garder je ne puis le chasser ce gentil revenant Comment donner le coup de grâce à ce camarade charmant qui me regarde dans la glace et de loin me fait des grimaces pour me faire marrer drôlement et qui m'apprit à faire l'amour maladroitement éperdument L'enfant de mon vivant sa voix de pluie et de beau temps chante toujours son chant lunaire ensoleillé son chant vulgaire envié et méprisé son chant terre à terre étoile Non je ne serai jamais leur homme puisque leur homme est un roseau pensant non jamais je ne deviendrai cette plante Carnivore qui tue son dieu et le dévore et vous invite à déjeuner et puis si vous refusez vous accuse de manger du curé Et j'écoute en souriant l'enfant de mon vivant l'enfant heureux aimé et je le vois danser danser avec ma fille avant de s'en aller là où il doit aller. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Jacques Prévert (1900 - 1977) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Jacques Prévert | |||||||||
Biographie / chronologieJacques ne veut rien savoir de tout ce qui s'appelle PRISON, il n'aime guère les prêtres et serviteurs d' Église, car cela représente, à ses yeux, le pouvoir autoritaire, la passéisme le plus absolu et le conformisme le plus borné. La violence de l'anticléricalisme prévertien sera souvent rejetée avec dégoût et escamotée au profit de son intérêt pour les enfants, les fleurs ou les petits oiseaux. |
|||||||||