Jacques Prévert |
Les clefs de la ville Sont tachées de sang L'Amiral et les rats ont quitté le navire Depuis longtemps Sour Anne ma sceur Anne Ne vois-tu rien venir Je vois dans la misère le pied nu d'un enfant Et le cour de l'été Déjà serré entre les glaoes de l'hiver Je vois dans la poussière des ruines de la guerre Des chevaliers d'industrie lourde A cheval sur des officiers de cavalerie légère Qui paradent sous l'arc Dans une musique de cirque Et des maîtres de forges Des maîtres de ballet Dirigeant un quadrille immobile et glacé Où de pauvres familles Debout devant le buffet Regardent sans rien dire leurs frères libérés Leurs frères libérés A nouveau menacés Par un vieux monde sénile exemplaire et taré Et je te vois Marianne Ma pauvre petite sour Pendue encore une fois Dans le cabinet noir de l'histoire Cravatée de la Légion d'Honneur Et je vois Barbe bleue blanc rouge Impassible et souriant Remettant les clefs de la ville Les clefs tachées de sang Aux grands serviteurs de l'Ordre L'ordre des grandes puissances d'argent. |
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Jacques Prévert (1900 - 1977) |
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Portrait de Jacques Prévert | |||||||||
Biographie / chronologieJacques ne veut rien savoir de tout ce qui s'appelle PRISON, il n'aime guère les prêtres et serviteurs d' Église, car cela représente, à ses yeux, le pouvoir autoritaire, la passéisme le plus absolu et le conformisme le plus borné. La violence de l'anticléricalisme prévertien sera souvent rejetée avec dégoût et escamotée au profit de son intérêt pour les enfants, les fleurs ou les petits oiseaux. |
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