Jacques Prévert |
Un homme avait un chien un chien qu'il appelait Amour l'homme lui donnait à manger le chien le léchait l'homme caressait le chien et il le léchait aussi quand ils étaient seuls et parfois même l'homme aboyait un peu pour lui faire plaisir au chien c'est mon chien c'est mon amour disait l'homme c'est mon homme aboyait l'Amour mais un jour triste triste triste jour l'homme s'aperçut de certaines choses oh... quand ce que je mange est meilleur j'en donne moins à mon chien oh... s'il s'en aperçoit il se sauvera et moi tout seul je resterai là je n'aurai plus mon chien mon amour mon amour à moi je vais le tuer et puis je le mangerai rien ne sera perdu et il le tue et il le mange mais à la fin du repas faisant le beau et sortant de dessous la table apparaît le fantôme du chien machinalement l'homme jette à l'ombre un os un os mais le fantôme du chien dans son suaire se trouve très bien et il n'a pas faim pas faim d'os il regarde l'homme avec un bon oil saute dessus et le mange puis il sort de la salle à manger en se dandinant Amour tout à fait vivant il reprend ses couleurs et son comportement puis il court Amour il court Amour dans la ville à la recherche d'un autre maître amour pour faire le beau amour pour se faire caresser amour pour se faire battre amour pour se faire tuer amour pour dévorer dévorer dévorer. |
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Jacques Prévert (1900 - 1977) |
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Portrait de Jacques Prévert | |||||||||
Biographie / chronologieJacques ne veut rien savoir de tout ce qui s'appelle PRISON, il n'aime guère les prêtres et serviteurs d' Église, car cela représente, à ses yeux, le pouvoir autoritaire, la passéisme le plus absolu et le conformisme le plus borné. La violence de l'anticléricalisme prévertien sera souvent rejetée avec dégoût et escamotée au profit de son intérêt pour les enfants, les fleurs ou les petits oiseaux. |
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