Jacques Prévert |
Le soleil gît sur le sol Litre de vin rouge brisé Une maison comme un ivrogne Sur le pavé s'est écroulée Et sous son porche encore debout Une jeune fille est allongée Un homme à genoux près d'elle Est en train de l'achever Dans la plaie où remue le fer Le cour ne cesse de saigner Et l'homme pousse un cri de guerre Comme un absurde cri de paon Et son cri se perd dans la nuit Hors la vie hors du temps Et l'homme au visage de poussière L'homme perdu et abîmé Se redresse et crie « Heil Hitler ! » Dune voix désespérée En face de lui dans les débris D'une boutique calcinée Le portrait d'un vieillard blême Le regarde avec bonté Sur sa manche des étoiles brillent D'autres aussi sur son képi Comme les étoiles brillent à Noël Sur les sapins pour les petits Et l'homme des sections d'assaut Devant le merveilleux chromo Soudain se retrouve en famille Au cour même de l'ordre nouveau Et remet son poignard dans sa gaine Et s'en va tout droit devant lui Automate de l'Europe nouvelle Détraqué par le mal du pays Adieu adieu Lily Marlène Et son pas et son chant s'éloignent dans la nuit Et le portrait du vieillard blême Au milieu des décombres Reste seul et sourit Tranquille dans la pénombre Sénile et sûr de lui. |
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Jacques Prévert (1900 - 1977) |
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Portrait de Jacques Prévert | |||||||||
Biographie / chronologieJacques ne veut rien savoir de tout ce qui s'appelle PRISON, il n'aime guère les prêtres et serviteurs d' Église, car cela représente, à ses yeux, le pouvoir autoritaire, la passéisme le plus absolu et le conformisme le plus borné. La violence de l'anticléricalisme prévertien sera souvent rejetée avec dégoût et escamotée au profit de son intérêt pour les enfants, les fleurs ou les petits oiseaux. |
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