Jacques Prévert |
Enfant j'ai vécu drôlement le fou rire tous les jours le fou rire vraiment et puis une tristesse tellement triste quelquefois les deux en même temps Alors je me croyais désespéré Tout simplement je n'avais pas d'espoir je n'avais rien d'autre que d'être vivant j'étais intact j'étais content et j'étais triste mais jamais je ne faisais semblant Je connaissais le geste pour rester vivant Secouer la tête pour dire non secouer la tête pour ne pas laisser entrer les idées des gens Secouer la tête pour dire non et sourire pour dire oui oui aux choses et aux êtres aux êtres et aux choses à regarder à caresser à aimer à prendre ou à laisser J'étais comme j'étais sans mentalité Et quand j'avais besoin d'idées pour me tenir compagnie je les appelais Et elles venaient et je disais oui à celles qui me plaisaient les autres je les jetais Maintenant j'ai grandi les idées aussi mais ce sont toujours de grandes idées de belles idées d'idéales idées Et je leur ris toujours au nez Mais elles m'attendent pour se venger et me manger un jour où je serai très fatigué Mais moi au coin d'un bois je les attends aussi et je leur tranche la gorge je leur coupe l'appétit. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Jacques Prévert (1900 - 1977) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Jacques Prévert | |||||||||
Biographie / chronologieJacques ne veut rien savoir de tout ce qui s'appelle PRISON, il n'aime guère les prêtres et serviteurs d' Église, car cela représente, à ses yeux, le pouvoir autoritaire, la passéisme le plus absolu et le conformisme le plus borné. La violence de l'anticléricalisme prévertien sera souvent rejetée avec dégoût et escamotée au profit de son intérêt pour les enfants, les fleurs ou les petits oiseaux. |
|||||||||