Jacques Prévert |
Sous le soc de ton doux regard d'acier mon oour a remué et dans cette terre labourée la fleur de l'adieu s'est mise à crier Aujourd'hui dans la même ville la ville où nous nous sommes quittés je suis le seul à voir ta statue place de la Disparition Déjà des milliers de jours ont passé depuis le dernier jour où je t'ai embrassée et parfois je me regarde dans la glace sans avoir le courage de me raser Et ça tombe toujours un lundi le lundi les coiffeurs sont fermés et je m'ennuie Alors j'ouvre la fenêtre et je t'appelle et tu es là avec un rasoir d'or et un blaireau d'argent et la grande baignoire de ton dernier amanj dans sa quarante chevaux du tonnerre et du vent Je te rejoins et je me rase comme aucun prince ne s'est jamais rasé et je me baigne à cent cinquante à l'heure comme personne au monde sauf ceux à qui pareille chose déjà est arrivée ne s'est jamais baigné Je ne te demande même pas où nous allons et ce n'est pas par discrétion mais parce que je sais bien que tu n'en sais rien Et comme toujours tu me poses des devinettes tu me demandes quel jour la mort est née ou si la vie un jour doit mourir tout à fait tu me demandes pourquoi je ris et comment nous nous sommes quittés Un homme à particule est assis au volant c'est à lui la voiture il ne sait pas qui au juste est dedans Et moi mes mains pleines de savon je les lui plaque sur les yeux Coucou qui est là Et la voiture fait un tel bond que... Mais il y aura toujours un trou dans la muraille de l'hiver pour revoir le plus bel été Dans la ferraille tordue brisée le sang giclé un feu de joie a éclaté Et sans qu'on les appelle les souvenirs heureux viennent répondre présent et reprendre leur place au coin du feu vivant Le temps ne sait pas l'heure l'heure ne dit pas le temps Un jour un éclair de chaleur tous les deux nous a traversés heureuse cicatrice du bonheur qui pourrait jamais l'effacer. |
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Jacques Prévert (1900 - 1977) |
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Portrait de Jacques Prévert | |||||||||
Biographie / chronologieJacques ne veut rien savoir de tout ce qui s'appelle PRISON, il n'aime guère les prêtres et serviteurs d' Église, car cela représente, à ses yeux, le pouvoir autoritaire, la passéisme le plus absolu et le conformisme le plus borné. La violence de l'anticléricalisme prévertien sera souvent rejetée avec dégoût et escamotée au profit de son intérêt pour les enfants, les fleurs ou les petits oiseaux. |
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