Jacques Prévert |
Assis Près du lit défait L'enfant du défunt Près de feu son père Peint de faire du feu Et debout Près de l'enfant fou Sous-alimenté et décalcifié Près de l'enfant fou et du père glacé Un prêtre parle de l'enfer Et l'oiseau de la maison L'oiseau de la masure L'oiseau de la misère L'oiseau qui meurt de faim Dans sa cage de fer Siffle qu'il s'en fout Que c'est rien la faim Que c'est rien le feu Que c'est rien le fer Et que cela ne vaut pas la peine de s'en faire De s'en faire une miette Une miette de pain Une miette de faim Une miette de fer Et puis crève à son tour Et sifflotant et sanglotant Éclatant de rire hurlant aboyant L'enfant fou tourne en rond Autour de la cage En jouant du tambour Et puis tourne aussi tout autour du lit Autour du lit-cage rouillé et pourri Où le peu qui reste du père Mort de fatigue de faim et de misère 8e corrompt Misérablement Le prêtre alors ouvre la fenêtre Miserere miserere Et l'aurore aux doigts de fée apparaît Et de ses doigts de fée Délicatement Se bouche le nez. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Jacques Prévert (1900 - 1977) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Jacques Prévert | |||||||||
Biographie / chronologieJacques ne veut rien savoir de tout ce qui s'appelle PRISON, il n'aime guère les prêtres et serviteurs d' Église, car cela représente, à ses yeux, le pouvoir autoritaire, la passéisme le plus absolu et le conformisme le plus borné. La violence de l'anticléricalisme prévertien sera souvent rejetée avec dégoût et escamotée au profit de son intérêt pour les enfants, les fleurs ou les petits oiseaux. |
|||||||||