Jacques Réda |
La solitude a justement ce nom doux et froid qu'on prononce Et qui ramasse un peu l'âme dans la clarté rompue. Alors de l'abandon et du retranchement surgit une figure Qui fait signe à son tour sous les feuilles du papier peint, Dans le grincement de l'armoire et les marges du livre Illisible pour le regard qui de loin nous traverse. Mais sans nom prononçable est cette fosse qui sépare En deux l'être et, de chaque battement du coeur, Fait un choc de porte marquée après l'expulsion. Me voici maintenant au bord de la dernière marche, Là où le réconfort naît de la présence d'une chaise Et de la cavité murmurante du lavabo ; Où la main de la solitude elle-même s'est dessaisie Et me laisse comme le jour où sous la pluie, après votre départ, J'ai vu dans un cercle du temps qui n'est pas mesurable Battre, fer contre fer, la petite porte du square. |
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Jacques Réda (1929 - ?) |
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Portrait de Jacques Réda | |||||||||
Biographie / OuvresJacques Réda est né à Lunéville en 1929. Après des études inachevées de droit, il monte à Paris en 1953. Il y sera membre du comité de lecture des éditions Gallimard, avant de devenir rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Française de 1987 à 1995. Grand Prix de poésie de l'Académie française en 1997, il sera également récompensé de la bourse Goncourt de la poésie en 1999. |
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