Jacques Réda |
Entrons maintenant dans la nuit première de l'assassin. Il dort d'un sommeil innocent sur la planche inclinée, Et ce trou demeuré dans la forêt n'a pas creusé son rêve : Hier est encore pareil au cadavre enfoui Sous une poignée enfantine de mousse. Il fait nuit pour les toits serrés de la prison, Pour la tête du père qui a pris un barbiturique. Sa tâche cependant la terre l'exécute Et dans une heure un ciel étroit luira comme la bêche Qui déterre et dont le tranchant déjà cherche la gorge. Oui, le temps pousse le malheur et traîne la justice ; Un ange impartial au matin ouvre les yeux du tigre et de la biche, Un autre les referme à l'instant du supplice. Et rien Dans l'intervalle que ce peu de linge déchiré Sur la face horrible d'amour qui pleure dans les bois. Qui pourra jamais consoler cette épouvante ? Et qui déchirera la solitude sanglante du tigre ? Soleil, soleil, arrête-toi. |
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Jacques Réda (1929 - ?) |
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Portrait de Jacques Réda | |||||||||
Biographie / OuvresJacques Réda est né à Lunéville en 1929. Après des études inachevées de droit, il monte à Paris en 1953. Il y sera membre du comité de lecture des éditions Gallimard, avant de devenir rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Française de 1987 à 1995. Grand Prix de poésie de l'Académie française en 1997, il sera également récompensé de la bourse Goncourt de la poésie en 1999. |
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