Jacques Réda |
On lit, dans une étude sur la poésie, Que les poètes obsédés par la mort aujourd'hui S'inspirent de la tradition germanique. Cette remarque est une fleur séduisante de la culture, Mais les sentiers de sa peur n'étaient pas fleuris, Ils serpentaient autour d'une obscure caverne Avec sa litière de fumier d'homme et d'os, Et jamais nul soutien, nul appel ne lui vint D'aucune tradition germanique ou autre, non, Il travaillait sous la menace d'une primitive massue. Ainsi meurs fut le sens brutal de la langue étrangère Qu'il traduisit tant bien que mal dans le goût de l'époque, Rêvant parfois qu'un dieu lettré, par égard pour cette agonie, Établirait son nom dans l'immortalité des livres. Mais retenu du côté des sordides ancêtres, Ignorant l'art du feu, dans la caverne il était seul À savoir qu'il devait mourir de la même mort que les mots, les astres et les monstres. |
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Jacques Réda (1929 - ?) |
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Portrait de Jacques Réda | |||||||||
Biographie / OuvresJacques Réda est né à Lunéville en 1929. Après des études inachevées de droit, il monte à Paris en 1953. Il y sera membre du comité de lecture des éditions Gallimard, avant de devenir rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Française de 1987 à 1995. Grand Prix de poésie de l'Académie française en 1997, il sera également récompensé de la bourse Goncourt de la poésie en 1999. |
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