Jacques Réda |
On n'entend que les pattes des pigeons au bord des toits Et le clapotement de l'eau contre la pierre du bassin ; À paisible cadence un balai chuchote sous la voûte Et le balayeur songe. Assis au milieu du jardin, Je t'écoute glisser du fond des temps, Beau silence de velours gris déplié sur la scène où les pas et les noms s'effacent ; Il nous reste un moment ce matin pour causer à voix basse. La grande cour est vide encore et le ciel ne dit rien de plus Qu'en mil sept cent cinquante, ni les pigeons, Ni l'eau sombre qui fait semblant d'avoir bonne mémoire Mais déjà vous a confondues, Catherine Campana, Maria-Lorenza Pasini qui mourûtes Abbesse du couvent où l'on dansait en masques la furlane, Et vous qui ne reviendrez plus en ce jardin Où le temps croit dormir sur les doigts brisés des statues. Car c'est toujours un autre corps enveloppé de gloire Que de l'ombre des corps nous halons avec nos caresses, Le rêve d'un corps lumineux arraché à la nuit Où siffle la veilleuse indifférente du désir. Et quel assaut pourra jamais nous livrer sa lumière, Lui frayer un chemin dans l'épaisseur où nous errons Sur les traces d'un dieu d'espoir, d'angoisse et d'ironie ? |
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Jacques Réda (1929 - ?) |
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Portrait de Jacques Réda | |||||||||
Biographie / OuvresJacques Réda est né à Lunéville en 1929. Après des études inachevées de droit, il monte à Paris en 1953. Il y sera membre du comité de lecture des éditions Gallimard, avant de devenir rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Française de 1987 à 1995. Grand Prix de poésie de l'Académie française en 1997, il sera également récompensé de la bourse Goncourt de la poésie en 1999. |
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