Jacques Réda |
Cet homme ici devant la mer qu'il ne voit plus, un jour Le direz-vous heureux comme celui du temps des dieux Qui va s'effacer dans ma nuit ? À l'aube dont je sens Contre mes paupières vibrer la gloire, je descends Vers ce miroitement obscur la ruelle autrefois Rose, emportant le jour éteint dans les yeux de Patrocle Et mon ombre en travers de la plaine étroite où le vent Traîne le corps ensanglanté d'Hector dans la poussière. À présent, songes, laissez-moi devenir tout entier Cette ombre sur le vain éclat de nos débris d'amphores, Et parmi ce fracas de boucliers sur les galets Rendre ma voix à l'ïambe d'écume, aux cris d'oiseaux Qui déchirent la belle hécatombe de mots que fut Homère. À l'étrave d'un vaisseau noir abandonné Mon front s'appuie, et du sable au ciel noir mes doigts dessinent Un signe pour toucher encor ta joue adorable, soleil, Mélancolie des morts. |
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Jacques Réda (1929 - ?) |
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Portrait de Jacques Réda | |||||||||
Biographie / OuvresJacques Réda est né à Lunéville en 1929. Après des études inachevées de droit, il monte à Paris en 1953. Il y sera membre du comité de lecture des éditions Gallimard, avant de devenir rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Française de 1987 à 1995. Grand Prix de poésie de l'Académie française en 1997, il sera également récompensé de la bourse Goncourt de la poésie en 1999. |
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