Jaufré Rudel |
Quand le ruisseau de la fontaine S'éclaircit et la marjolaine Au joyeux soleil du printemps Et que du rossignol le chant S'élève et module et s'affine Sur la branche de l'aubépine, Il faut que j'entonne le mien Amour de la terre lointaine Pour vous tout mon corps est dolent, Car ne fut plus gente chrétienne. Heureux pour qui elle est parlant De désir mon cour est tiré Vers cène dame qu'entre tous j'aime. Pour elle ai toujours soupiré, Mais ne veux pas que l'on me plaigne, Car de la douleur naît la joie. Lorsque les jours sont longs en mai, Le doux chant des oiseaux me plaît Et quand peu à peu il s'éteint D'un amour lointain me souvient Je marche alors tête baissée Et non plus que saison glacée Me plaît alors le chant d'oiseau Ou le gazouillis du ruisseau. Je le tiendrai pour vrai Seigneur Par qui verrai l'amour lointain, Mais malgré l'espoir de tel heur J'ai mal, car il est trop lointain Ah ! que ne suis-je pèlerin Là-bas pour porter le bourdon Et recevoir le meilleur don D'être contemplé par ses yeux. Jamais d'amour ne jouirai Sinon de cet amour lointain, Car femme ne connais meilleure Ni plus gracieuse en cette heure De nulle part, ni près ni loin. Pour elle et pour lui rendre soin Je consens à être captif Là-bas au pays sarrasin. Il dit vrai celui qui m'appelle Le désireux d'amour lointain, Car nulle autre joie ne révèle Que jouir de l'amour lointain, Mais tous mes voeux sont inutiles Et je suis voué à ce sort D'aimer toujours sans être aimé. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Jaufré Rudel (1113 - 1170) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Jaufré Rudel | |||||||||