Jean Anouilh |
La fourmi, qui frottait toujours, S'arrêta pour reprendre haleine. « Qui s'attendrira sur la peine, Dit-elle, des ménagères ? Toujours frotter, jour après jour, Et notre ennemie la poussière, Aux ordures jeté notre triste butin Revient le lendemain matin, On se lève, elle est encor là, goguenarde. La nuit on n'y a pas pris garde, Croyez qu'elle en a profité, La gueuse ! Il faut recommencer, Prendre le chiffon, essuyer Et pousser, toujours pousser Le balai. » « J'ai tout mon temps, dit la poussière, Cela s'use une ménagère. Quelques rides d'abord et l'esprit Qui s'aigrit; La main durcit; le dos se courbe; tout s'affaisse, La joue, le téton et la fesse; Alors s'envolent les amours... Boudant et maugréant toujours La ménagère rancunière Frotte jusqu'au dernier jour, Vainc le dernier grain de poussière Et claque enfin, le ressort arrêté. Vient le docteur boueux, qui crotte le parquet, Le curé et l'enfant de chour et la cohorte Des voisins chuchotants qui entourent la morte... Et sur ce corps, vainqueur de tant de vains combats, Immobile sur son grabat Pour la première fois une journée entière, Retombe une dernière couche de poussière : La bonne. » « Quant à moi, dit la cigale, j'ai une bonne. » |
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Jean Anouilh (1910 - 1987) |
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Portrait de Jean Anouilh | |||||||||
CarrièreFormation Biographie de jean anouilh Jean Anouilh est né en 1910 à Bordeaux (France). Son père est tailleur et sa mère est musicienne et professeur de piano, elle joue dans un orchestre se produisant sur des scènes de casino en province. OuvreThéâtre |
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