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Jean Anouilh |
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Le chêne un jour dit au roseau : « N'êtes-vous pas lassé d'écouter cette fable ? La morale en est détestable ; Les hommes bien légers de l'apprendre aux [marmots. Plier, plier toujours, n'est-ce pas déjà trop, Le pli de l'humaine nature ? » « Voire, dit le roseau, il ne fait pas trop beau; Le vent qui secoue vos ramures (Si je puis en juger à niveau de roseau) Pourrait vous prouver, d'aventure, Que nous autres, petites gens, Si faibles, si chétifs, si humbles, si prudents, Dont la petite vie est le souci constant, Résistons pourtant mieux aux tempêtes du monde, Que certains orgueilleux qui s'imaginent grands. » Le vent se lève sur ses mots, l'orage gronde. Et le souffle profond qui dévaste les bois, Tout comme la première fois, Jette le chêne fier qui le narguait par terre. « Hé bien, dit le roseau, le cyclone passé - Il se tenait courbé par un reste de vent - Qu'en dites-vous donc mon compère ? (Il ne se fût jamais permis ce mot avant) Ce que j'avais prédit n'est-il pas arrivé ? » On sentait dans sa voix sa haine Satisfaite. Son morne regard allumé. Le géant, qui souffrait, blessé, De mille morts, de mille peines, Eut un sourire triste et beau; Et, avant de mourir, regardant le roseau, Lui dit : « Je suis encore un chêne. » |
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Jean Anouilh (1910 - 1987) |
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Portrait de Jean Anouilh | |||||||||
CarrièreFormation Biographie de jean anouilh Jean Anouilh est né en 1910 à Bordeaux (France). Son père est tailleur et sa mère est musicienne et professeur de piano, elle joue dans un orchestre se produisant sur des scènes de casino en province. OuvreThéâtre |
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