Jean Claude Renard |
Sous les feuilles fraîches ma fontaine remue comme des bras de filles. des danseuses descendues aux calmes, des menteuses ensevelies... Ô tes cheveux chargés de chair épaississent les fruits purs, ma patiente, mon absente sur ta bouche trouble et nocturne. Ma nageuse, je m'ennuie au bord des fleuves blancs, les prairies brûlent, mes mains ne touchent plus les femmes. les arbres rouges sont mouillés autour des biches comme des enfants nus et je ne baise plus tes dents... Ô ma rieuse, ma rameuse, ne me laisse pas revenir sur les terrasses anciennes où tu ramassais des grenades, mûris-moi ces fleurs transparentes qui sanglotent dans les ramures avec tout l'automne éclaté el couche-moi parmi la mer... «La Brésilienne aux mains calmes ma mourante. la fille des lents pays jaunes je l'ai perdue. et la volupté taciturne des trop aimées, l'horreur des purs ont remué mes nuits marines... Mes ciels tournent qui s'incendient de lunes comme des femmes dans la peur des terres violentes. Toutes les eaux lumineuses qui retenaient mes mains menteuses ont ramé l'oubli sur son corps avec l'épaisseur des sanglots. et seulement l'ancienne odeur de celles qu'on ne touche pas est descendue dans le Sud pour la nostalgie des dormeuses... Ces autres qui ont des mères hideuses et malades, ces belles autres ne pourront plus me faire de mal ; elles couperont leurs cheveux. elles sentiront les puits qui écourent la soif et leurs vêtements déteindront; mais moi - ma fraîche - les matelots blancs qui tuent me laissent les pleurer...» Qui m'aimera? Qui me tuera? Qui me rendra ce qui est mort ? Le corps le plus pur de mon corps a pris un autre corps que moi. Je suis mon mal. je n'ai plus rien que la terre qui s'est fermée sur ma mémoire calcinée avec celui qui m'appartient. Mon corps d'ici, mon corps d'ailleurs par la double nuit de leur sang sont l'un de l'autre tout absents, tout dissolus dans ma douleur. Comme un monde interne et chargé des lunes de la haute mer sur ce qui reste de ma chair mon amour se meurt de secret. |
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Jean Claude Renard (1922 - 2002) |
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Portrait de Jean Claude Renard | |||||||||
BibliographieJean-Claude Renard (1922 - 2002) est un poète et écrivain prolifique français né à Toulon. Son ouvre, empreinte de mystères et de spiritualité, lui valut le Grand Prix de poésie de l'Académie française en 1988 et le Prix Goncourt de la poésie en 1991. Il fut l'un des collaborateurs des Éditions du Seuil et des Éditions Casterman. Il est également l'auteur de plusieurs essais. Il entra dans le mond Biographie |
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