Ni l'un ni l'autre - Poéme

Qui m'aimera ?
Qui me tuera ?
Qui me rendra ce qui est mort ?
Le corps le plus pur de mon corps a pris un autre corps que moi.
Je suis mon -mal, je n'ai plus rien que la terre qui s'est fermée sur ma mémoire calcinée avec celui qui m'appartient.
Mon corps d'ici, mon corps d'ailleurs par la double nuit de leur sang sont l'un de l'autre tout absents, tout dissolus dans ma douleur.
Comme un monde interne et chargé des lunes de la haute mer sur ce qui reste de ma chair mon amour se meurt de secret.





POÈME



Lorsque les derniers cours que j'aurai désertés ne se souviendront plus de mes races éteintes, j'assouvirai sur moi toutes mes cruautés en m'exilant moi-même au milieu de leurs plaintes.

Quand les nuits de l'absence auront mûri pour moi la honte et le secret des anciens adultères, plus rien que mon remords ne renaîtra de toi - mon sang sera vengé des amours solitaires.

Ma haine se perdra dans l'oubli de la mer

où tombent des oiseaux que l'ombre a recouverts

quand une chair jalouse aura trahi mes larmes.

Nous tuerons nos désirs fermés comme un corps pur lorsque dans l'épaisseur de mon mal le plus sûr un enfant inconnu consumera ses charmes.