Jean Claude Renard |
Est-ce toi que j'entends, est-ce toi qui me hantes, mon amour est-ce toi, est-ce toi mon enfant qui viens m'exorciser de mon amour en sang, est-ce toi qui descends dans ma profonde attente? Est-ce toi maintenant, mon amour, est-ce toi toute ressuscitee et mêlée à moi-même, cs-tu l'antique étoile, es-tu l'enfant que j'aime, viens-tu me desceller de mon corps trop étroit ? Ce n'est pas ton corps lent, ton corps enseveli, ma morte, ma douleur, mon double sous la terre, mais ta chair musicale, ascendante, solaire que j'ai vu transmuer les métaux de la nuit. Mon rêve s'est ouvert comme un miroir étrange pour me laisser toucher tes pieds et tes cheveux, te sentir, mon amour, t'enfoncer dans mes yeux, m'envoùler. m'apaiser, me rapprocher des anges... Est-ce assez me mourir, est-ce assez de péchés, aurais-je dit des mots de feuilles et de gemmes à quelqu'un qui revient me lier à moi-même, ai-je trouvé la femme en qui je me cherchais? Brûlent les arbres roux, brûlent les roses noires! Les dieux et les démons qui emmuraieni mes mains sont morts - sont endormis dans d'humides mémoires les goélands amers et les coqs inhumains! J'ai presse ton sommeil épais comme des rades, tes prairies aimantées de lunes et d'odeurs, j'ai sondé ton silence avec un cour malade qu'immergent les courants du monde intérieur. L'Esprit a traversé la femme sidérale, m'a métamorphosé, m'a défait de ma chair, et mon sang délivré d'une nuit infernale a vu dans ton amour étinceler la mer. Sous ton corps souterrain j'ai vu le corps d'Éden, sous l'âme obscure l'âme antérieure et claire, j'ai regagné la haute et fabuleuse sphère où nous sommes unis comme aux jours anciens. Nos fleuves, mon amour, ont la même légende, même espace notre âme et nos corps même lieu, nous changerons ensemble en figures de feu les oiseaux déchirants qui tournaient sur la lande. Un soleil transparent me rattache à mes Signes, j'y respire le sel des plantes de la mer, je respire mon sang sous tes os entrouverts, es-tu l'herbe incantée. es-tu la jeune vigne? Je ne suis plus d'ici, j'ai passé les forêts, mais mon corps hivernant dans des granges d'orages est triste et solitaire et n'a pas de voyages, - mon âme l'a quitté pour des départs secrets... Nous sommes, mon amour, remonlés vers les pluies, les raisins de l'air pur, le matin végétal ameutent des moussons qui consument mon mal. Suis-jc déjà si loin des terres refroidies? Des Noces, des Rois blancs, des Poissons lumineux rafraîchissent mon sang comme des eaux nouvelles, je reconnais le Ciel et l'Esprit m'ensorcelle et je sais que tu vis dans les pays du feu. Retiendras-tu mon cour, viendras-tu me reprendre, m'emporter vers la mer un soir de pureté, me rendras-tu l'amour que tu m'as révélé, seras-tu cet enfant qui naîtra sur ta cendre? Tu n'as plus d'épaisseur, tu n'es plus l'ange mort mais l'ange magnétique et la princesse ardente, la femme des pays où les Pléiades chantent, l'enfance qui m'attend dans les grands arbres d'or.. |
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Jean Claude Renard (1922 - 2002) |
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Portrait de Jean Claude Renard | |||||||||
BibliographieJean-Claude Renard (1922 - 2002) est un poète et écrivain prolifique français né à Toulon. Son ouvre, empreinte de mystères et de spiritualité, lui valut le Grand Prix de poésie de l'Académie française en 1988 et le Prix Goncourt de la poésie en 1991. Il fut l'un des collaborateurs des Éditions du Seuil et des Éditions Casterman. Il est également l'auteur de plusieurs essais. Il entra dans le mond Biographie |
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