Jean Claude Renard |
Elle me dit ne me touche pas et ses yeux violets chaque fois inconnus sont peut-être les miens comme des cris d'aveugle elle dit il y a des mains dans ton sang elle ne dit pas que je l'ai tuée elle ne passe pas à travers moi comme une étrangère elle ne me reproche rien elle dit avec des mots secrets et toutes les choses anciennes du silence il y a des mains sur ta bouche il n'y a pas de meurtres pas de sang pas de péchés terribles comme des drapeaux les mal-aimés sont morts sur ma langue et j'ai peur qu'elle m'aime pour cela seulement et qu'elle dise encore il y a des mains si froides sur ta race ses bras tremblent comme des branches parce qu'elle sait cela qui compte justement et que ma souffrance ne fermente pas sans elle et que son désespoir ne remue que le mien comme des pitiés je sens qu'elle s'approche j'entends monter vers moi ses pas de femme comme des eaux pour m'ôter de la tête ces mains qui me séparent elle me dit ah ! toute sa douceur me rentre dans la chair comme des arbres éclatés je ne t'attendais plus elle ne pleure pas elle ne brûle pas de rires entre ses dents elle dit comme on étouffe il faut couper ces mains ça ne fait pas de mal ce n'est rien qu'un peu comme un enfant qui naît ouvrir tes yeux dans la chambre et commencer à écouter ce n'est rien il y avait des mains entre ma nuit et la sienne il y avait des mères qui étaient mortes elle me dit où sont ta soif et ta faim où est ta joie je m'endormais parmi des fleurs épaisses je coulais dans son corps avec des mains autour de moi sans plaies l'amour il n'y a qu'elle qui sait son nom il n'y a que le lait qu'elle me donne et toutes les villes comme on descend vers la mer elle ne peigne pas ses cheveux elle ne rougit pas ses lèvres elle n'a pas de miroir pour ses épaules elle n'a pas de consolations elle dit il y a des hommes à genoux il y a des hommes frigides qui vont s'éveiller avec des tendresses et du pain pour vivre elle me dit cela comme on revient ............le secret du dieu, le grand songe nu de l'éternité seraient-ils de n'être, entre glace et feu, qu'un instant d'or pur dans le vide hanté ? |
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Jean Claude Renard (1922 - 2002) |
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Portrait de Jean Claude Renard | |||||||||
BibliographieJean-Claude Renard (1922 - 2002) est un poète et écrivain prolifique français né à Toulon. Son ouvre, empreinte de mystères et de spiritualité, lui valut le Grand Prix de poésie de l'Académie française en 1988 et le Prix Goncourt de la poésie en 1991. Il fut l'un des collaborateurs des Éditions du Seuil et des Éditions Casterman. Il est également l'auteur de plusieurs essais. Il entra dans le mond Biographie |
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