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Jean de Sponde



Biographie, ouvres de Jean de Sponde


Poésie / Poémes d'Jean de Sponde





Naissance: 1557 Mauléon (Pays basque)
Décès: 18 mars 1595 à Bordeaux

Jean de Sponde (Joanes Ezponda, en basque), est un poète baroque français.

Alternance de l'orage et de l'apaisement, des ombrages et de la lumière, du dédale et du droit chemin : c'est ce rythme qui scande les poèmes d'amour de Jean de Sponde. Il scandait en même temps sa propre vie qui, comme celle d'Agrippa d'Aubigné, fut plongée dans les horreurs des guerres de religion.

Né dans une famille liée à la cour de Navarre, élevé dans un milieu protestant et austère, brillant élève, il reçoit de Jeanne d'Albret, mère de Henri IV, une bourse d'étude. Il acquiert une parfaite connaissance du grec, et apprend la théologie réformée.

Il fut protégé de Jeanne d'Albret, puis de son fils le Roi de Navarre, futur Henri IV. De famille protestante, il fut huguenot jusqu'à sa conversion en 1593, par le Cardinal Du Perron (année de la conversion de Henri IV). Il est mort à Bordeaux le 18 mars 1595, à trente-huit ans, d'une pleurésie vraisemblablement.

On le sait aujourd'hui, depuis sa redécouverte récente : Sponde est un poète à mettre au rang des plus grands. Nul mieux que lui n'exprime la sensibilité d'un temps déchiré, où la violence des affrontements amène les âmes inquiètes à s'interroger sur le sens profond à donner à la vie et au monde. Sponde fut ainsi de ces poètes visant à l'essentiel, et pour qui la poésie est la traduction d'une quête spirituelle, voire mystique. Il avait commencé, pourtant, par des vers apparemment plus légers et sacrifiant à la mode pétrarquisante du temps : ses Amours sont à mettre en relation avec d'autres ouvres très comparables d'autres poètes de l'époque, soumis aux mêmes influences, et traitant des mêmes thèmes de façon souvent très proche. Pourtant, dans cette poésie profane, apparaissent déjà, derrière les conventions de la thématique amoureuse, des lignes de force qui structurent tout un monde intérieur. Ainsi le stoïcisme, qui fournit le modèle antique d'un volontarisme affirmé, trouve-t-il, chez le protestant qu'il est, son prolongement dans ce qui, plus qu'une simple attitude sentimentale, représente une véritable vertu : la persévérance, la fermeté ou, pour mieux dire, la constance. Face au mouvement, à la légèreté, au « change » que représente le cour inconstant de l'aimée, le poète, dans la difficulté, la souffrance, le déchirement même, fonde son amour sur le seul bien assuré : sa propre constance. L'absence même de la femme est comme une épreuve qui, par l'effort qu'elle nécessite, rend l'amour plus solide; et les tromperies, les mensonges, les illusions, qui sont le lot de toute idylle, rendent plus forte encore l'exigence de vérité. La voie est ouverte, ainsi, vers des méditations plus profondes, que la lecture des Psaumes va nourrir de façon décisive.

Car, né dans un milieu protestant fervent, élevé au collège calviniste de Lescar puis envoyé par son père parfaire sa formation à Bâle, Sponde s'est mis au service du protestant Henri de Navarre, à qui il dédie en 1588 son Essai de quelques poèmes chrétiens, où figurent ses stances et ses sonnets sur la mort. Le déchirement n'est plus ici celui du cour, mais bien celui qui nourrit la pensée réformée et notamment calviniste : la division entre la Chair et l'Esprit. La tension extrême de la lutte, qui traduit la difficulté de s'arracher au monde, trouve son point d'aboutissement dans la confrontation avec la mort, ouverture vers l'éternel et l'immuable. La rhétorique de Sponde, riche d'andthèses, de constructions croisées, de structures répétitives, est comme la traduction dans les mots et les phrases des oppositions intimes d'une âme à la fois tourmentée et assurée. Contradictoire, aussi. Car ce protestant rigoureux en vint à abjurer. Fut-ce pour suivre l'exemple de son roi, ou parce que la rencontre avec Du Perron, le grand convertisseur, l'amena, dans une démarche d'approfondissement sincère, à, selon ses propres dires, « passer de l'orage de [s]es doutes dans l'abri de l'Église » ? Toujours est-il que, converti au catholicisme, Sponde sembla payer lourdement le prix de son abjuration : abandonné du roi qui le soutenait, il vit son père, resté fidèle au protestantisme, massacré par les catholiques en 1594, lui-même mourant l'année suivante alors qu'il était la proie d'attaques violentes de la part de ses anciens coreligionnaires. Une fin de vie assombrie, ainsi, par un drame intime, qui fait résonner plus profondément encore le cri du dernier des sonnets sur la mort : « Tout s'enfle contre moi, tout m'assaut, tout me tente... », et qui donne toute sa force tragique à cette recherche passionnée qui habita la vie du poète, et qui nourrit sa poésie.


Ses contemporains ont apprécié l'humaniste, le juriste et le théologien ; les protestants ont, après sa conversion, poursuivi de leurs sarcasmes l'alchimiste, l'ingénieur, l'administrateur, et de leur haine (voire de leurs calomnies) le nouveau champion de la foi catholique. Mais l'ouvre poétique de Sponde est restée méconnue. C'est pourtant à cette ouvre, exhumée il y a moins d'un demi-siècle par un érudit anglais, A. M. Boase, que son nom a d'abord dû de revivre.

Étude : Alan Boase, Vie de Jean de S ponde, Genève, Droz, 1977, et introduction à son édition des Ouvres littéraires, p. 9-48.

 

Jean de Sponde
(1557 - 1595)
 
  Jean de Sponde - Portrait  
 
Portrait de Jean de Sponde