Jean Malrieu |
Dans le mur, à l'heure où le chat-huant se retourne dans ses clameurs, Éclaboussant dans le jardin les roses d'une nuit de ses couleurs Qui ressembleraient étrangement à des flammes veillant à côté de leurs lampes, Une couleuvre est de sortie hors des broussailles et rampe Dans une fuite de sommeil dont les pierres sont déjetées. C'est un sablier qui se renverse, le temps disjoint rejoint l'éternité. Un frisson se retient, un nerf se rompt, une pincée de cendre Amorce une chute retenue, entraîne un remuement. Rien qu'à l'entendre La chaleur dans mon corps qui veut me rassurer, ma lâcheté serrant ses bras autour du cou, Murmure qui me désole et me console : « Tout durera bien plus que nous». J'ai peur, je suis vivant. La chasse est dans le temps qui piétine dans la pendule. Par la fenêtre ouverte, elle surveille la transhumance des collines noctambules Et, soudain, fait s'envoler une compagnie d'étoiles dans l'éblouis- sement d'une beauté plus cruelle que le remords Car il fait plus beau sur terre que dans les rêves. Et le sang qui se refuse se retourne comme un serpent et mord. C'est la mort qui travaille et reste à mon écoute, Et me construit et me détruit mon cour qui bat la campagne comme un nomade court les routes Dans le sourd tremblement d'une terre alertée Par le désordre des charrois des fourgons nocturnes en déroute de l'été. Poésies complètes (CME, ) |
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Jean Malrieu (1915 - 1976) |
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Portrait de Jean Malrieu | |||||||||