Jean Meschinot |
Plus ne voy rien qui resconfort me donne ; Plus dure un jour que ne souloient cent ; Plus n'est saison qu'a nul bien m'abandonne; Plus voy plaisir, et moins mon cour s'en sent ; Plus oncques mais mon vouloir bas descent; Plus me souvient de vous, et plus m'empire ; Plus quier esbas, c'est lors que plus souspire; Plus faict beau temps, et plus me vient d'ennuis ; Plus ne m'attends fors tousjours d'avoir pire, Puis que de vous approucher je ne puis. Plus vivre ainsi ne m'est pas chose bonne ; Plus veuil mourir, et Raison n'y consent ; Plus qu'a nully Amours de maulx m'ordonne ; Plus n'a ma voix bon accord ni accent ; Plus faict on jeulx, mieulx désire estre absent ; Plus force n'ay d'endurer tel martire ; Plus n'est vivant homme qui tel mal tire ; Plus ne connoys bonnement ou je suis; Plus ne say, bref, que penser, faire ou dire, Puis que de vous approucher je ne puis. Plus suis dolent que nulle aultre personne ; Plus n'ay espoir d'aulcun alegement ; Plus ay désir, crainte d'aultre part sonne ; Plus cuide aler vers vous, moins say comment ; Plus suis espris, et plus ay de tourment ; Plus pleure et plains, et plus pleurer désire ; Plus chose n'est qui me puisse souffire ; Plus n'ay repos : je hay les jours et nuits ; Plus que jamais a Douleur me fault duire, Puisque de vous approucher je ne puis. Plus n'ay mestier de jouer ne de rire, Plus n'est le temps si non du tout despire ; Plus cuide avoir de doulceur les appuis, Plus suis adonc desplaisant et plein d'ire, Puisque de vous approucher je ne puis. |
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Jean Meschinot (1421 - 1491) |
Portrait de Jean Meschinot |