Jean Orizet |
Dans les ormes centenaires, au cour de Boston, les écureuils gris coulent des jours paisibles. Chaque matin, entre pelouses et pièces d'eau, ils sautillent de graine en graine, ou viennent chercher, peu farouches, la cacahuète du clochard. Autour de ce jardin, le visage crispé de l'Amérique hurle de toutes ses sirènes, leurs voix changeant de registre pour annoncer le vol, le feu, la mort. Des millions de dollars ne dorment que d'un oil électronique dans leurs prisons de verre, avec la bonne, la paisible conscience du coït 357 magnum. Entre ces murailles, parfois, une petite église blanche montre le bout du clocher: à Noël, peut-être, elle aura la parole, quand les voitures, vautours aux maléfiques couleurs, cesseront de tournoyer, le temps d'un « Halleluia », sur les grands sacs de papier brun gavés de viandes surgelées. Ce sera le temps de la fête, des guirlandes, des marrons. Le bon peuple de Boston ira flâner dans ses petits cimetières historiques où quelques héros de l'Indépendance américaine reposent à ras d'un gazon confortable, même si, parfois, ce qui reste de leurs pieds bute un peu sur le goudron trop proche. |
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Jean Orizet (1937 - ?) |
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Portrait de Jean Orizet | |||||||||
OuvresAprès avoir pratiqué le métier de journaliste, Jean Orizet devient le cofondateur, en 1969, de la revue Poésie 1 et travaille comme éditeur aux éditions du Cherche-midi. Ecrivain, voyageur et humaniste, ses textes, dont 'L' Attrapeur de rêves' ou 'La Cendre et l'étoile', lui permettent de figurer au rang des poètes les plus importants de sa génération. |
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