Jean Orizet |
Il avait tellement plu sur Acre qu'entre les arcades de ce caravansérail, l'eau s'était installée, chassant bêtes et hommes. Un charroi se présenta à l'une des portes, charretier debout, faisant claquer son fouet pour encourager le cheval à traverser, d'un seul élan, l'esplanade noyée. De la rotation des roues, jaillissaient des gerbes Uquides qui provoquaient, à leur tour, l'hilarité du conducteur. Parvenue de l'autre côté, la charrette continua vers la forteresse, pour y livrer son chargement: fruits et légumes frais qui, peut-être, sauraient atténuer le scorbut et la dysenterie dont souffraient les chevaliers d'Occident venus déUvrer le Saint-Sépulcre. Bien trempées les épées ; solides les hauberts ; mais Templiers, HospitaUers et Teutoniques, derrière leurs fortes murailles, sentaient leurs dents se déchausser, leurs ventres se vider, ad majorent Dei gloriam. Là-bas, dans Jérusalem, Saladin, sultan d'Egypte, attendait la venue des preux en suçant, distraitement, un citron. |
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Jean Orizet (1937 - ?) |
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Portrait de Jean Orizet | |||||||||
OuvresAprès avoir pratiqué le métier de journaliste, Jean Orizet devient le cofondateur, en 1969, de la revue Poésie 1 et travaille comme éditeur aux éditions du Cherche-midi. Ecrivain, voyageur et humaniste, ses textes, dont 'L' Attrapeur de rêves' ou 'La Cendre et l'étoile', lui permettent de figurer au rang des poètes les plus importants de sa génération. |
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