Jean Orizet |
Dans ce petit cimetière marin de l'archipel des Loyauté, quelques tombes ont la forme d'une coque renversée, quille en l'air tendue vers les palmes. Là reposent des santaliers, au terme d'une existence aventureuse. A bord de bricks et de goélettes vétustés, mal guidés par des cartes imprécises, ils bravaient les cyclones, les récifs coralliens, l'hostilité des indigènes, pour venir chercher dans ces îles le précieux bois de santal qu'ils échangeraient contre le thé, en Chine. Forbans sans doute, mais forbans courageux, ils prenaient tous les risques pour ces cargaisons odorantes. Parfois, c'était l'affrontement brutal avec les autochtones. Des crânes éclataient sous les casse-tête. Vaincus par le nombre, ils fuyaient pour revenir en force, venger, puis enterrer leurs morts, ou plutôt ce qu'il en restait - la chair ayant été mangée par les guerriers anthropophages. Si aujourd'hui le bois est retombé en poussière, dans leurs canots naviguant à l'envers, les santaliers poursuivent une quête incertaine vers le cynique Eldorado de leur âme peu ménagée. |
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Jean Orizet (1937 - ?) |
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Portrait de Jean Orizet | |||||||||
OuvresAprès avoir pratiqué le métier de journaliste, Jean Orizet devient le cofondateur, en 1969, de la revue Poésie 1 et travaille comme éditeur aux éditions du Cherche-midi. Ecrivain, voyageur et humaniste, ses textes, dont 'L' Attrapeur de rêves' ou 'La Cendre et l'étoile', lui permettent de figurer au rang des poètes les plus importants de sa génération. |
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