Jean Orizet |
Grandes gares abandonnées, à Manchester, à Liver-pool. Guichets aveuglés par trois planches sous la nef grise des verrières. Voir, entre brique et fer, se faufiler chats craintifs ou voyageurs amnésiques, tous clochards de la fuite immobile. Une rumeur à relents de charbon flotte encore, propagée par les courants d'air - crissements de la colle durcie sous les affiches lacérées. Sur les quais, le regard tangue, se fige et rouillerait vite avec les rails, s'il ne se détournait à l'instant vers le compagnon nostalgique. Pour que le départ ait lieu, retrouver dans sa mémoire les sifflets des Pacific répondant aux sirènes des paquebots de la Cunard. Estuaire de la Mersey. Ici, les mouettes remplacent les chats et souillent la statue équestre du roi Edouard VII, bronze, embruns, déjections mêlés sur la courbure du bicorne. Crevettes frites pour déjeuner, arrosées d'une pinte de bitter: amertume au goût du jour. Devant le front de mer, sous la pluie, l'Atlantique attend. |
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Jean Orizet (1937 - ?) |
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Portrait de Jean Orizet | |||||||||
OuvresAprès avoir pratiqué le métier de journaliste, Jean Orizet devient le cofondateur, en 1969, de la revue Poésie 1 et travaille comme éditeur aux éditions du Cherche-midi. Ecrivain, voyageur et humaniste, ses textes, dont 'L' Attrapeur de rêves' ou 'La Cendre et l'étoile', lui permettent de figurer au rang des poètes les plus importants de sa génération. |
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