Jean Orizet |
Glissante à l'épaisseur d'un homme sous le ricochet du sable futur, la rivière sculpte, entre rives et eaux vives, la mémoire de ses bancs. Sut cette peau, née de la sécheresse, le soleil fixe l'empreinte aiguë du blaireau ou du renard venu surprendre le lapin, et celle, plus profonde, du sanglier avec sa soif. Parfois, le courant s'enroule pour mieux rejeter un ventre blanc de chevesne qui, près de s'évanouir, veut aussi laisser au limon sa marque. En amont du grand méandre, l'eau force le passage entre des roches plates qui étaient, pour les officiants, tables de sacrifice vite rougies, vite lavées. Une chapelle fut dressée près de la haute paroi où le chasseur boutait son gibier. Aujourd'hui, le toit n'existe plus, et les hardes n'ont confiance qu'à la nuit. Vers l'aqueduc, et sur chaque versant, la garrigue masque des entrées de grottes - royaumes du calcaire que le temps distille - On gagne, en y pénétrant, l'oubli de l'âge et des hommes, qui, tout près, font commerce de souvenirs construits de toutes pièces, pour jalonner la mort prévue sur des élans trop rectilignes. |
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Jean Orizet (1937 - ?) |
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Portrait de Jean Orizet | |||||||||
OuvresAprès avoir pratiqué le métier de journaliste, Jean Orizet devient le cofondateur, en 1969, de la revue Poésie 1 et travaille comme éditeur aux éditions du Cherche-midi. Ecrivain, voyageur et humaniste, ses textes, dont 'L' Attrapeur de rêves' ou 'La Cendre et l'étoile', lui permettent de figurer au rang des poètes les plus importants de sa génération. |
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