Jean-François Marmontel |
Permets que l'indigence, à souffrir destinée, T'apprenne à quel supplice elle était condamnée. Ô toi qui fus bon, même envers tes ennemis, Regarde ces sujets, tes enfants, et frémis. Dans un lit de douleur, où leurs cris se répondent. Où d'un souffle mortel les vapeurs se confondent, Viens les voir entassés, les mourants sur les morts. L'un, d'un affreux délire éprouvant les transports, L'autre, qu'un feu plus lent auprès de lui consume, Ceux dont le cour se glace, ou dont le sang s'allume. Tous respirant un air qui, chargé de poison, Est d'un gouffre empesté l'horrible exhalaison. Sur son lit, près de lui, dans ses bras, à coûte heure, Chacun d'eux voit mourir, en attendant qu'il meure, Cherche en vain dans ses maux un pénible sommeil, Ou ne don qu'en rêvant aux horreurs du réveil. Tel est, grand roi, tel est ce refuge effroyable. De nos calamités, c'est la plus incroyable ; Mais Paris, qui la voit, l'atteste en gémissant. Tu l'ignorais. Jamais ton cour compatissant N'eût souffert ces horreurs dont frémit la nature. Et dont ce n'est ici qu'une faible peinture. Le Ciel enfin permet que ces murs ténébreux Tombent, pour nous venger, dévorés par les feux ; Et le pauvre échappé de cet affreux repaire. Du milieu des débris tend les bras vers son père. Accorde à nos douleurs un asile où du moins Ton sujet, en moutant, puisse bénir tes soins. Un roi juste suffît à l'opulent paisible; Mais le pauvre a besoin d'un roi tendre et sensible. Tu l'es ; nous le savons, fais-nous donc respirer. Que sans horreur du moins nous puissions expirer. Nous chérirons le règne où le Ciel nous fit naître, Et nos derniers soupirs seront pour notre maître. |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Jean-François Marmontel (1723 - 1799) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Jean-François Marmontel | |||||||||