Jean-Jacques Lefranc |
Là parmi des rocs entassés. Couverts d'une mousse verdâtre. S'élancent des flots courroucés. D'une écume blanche et bleuâtre. La chute et le mugissement De ces ondes précipitées, Des mers par l'orage irritées. Imitent le frémissement. Mais bientôt moins tumultueuse. Et s'adoucissant à nos yeux, Cette fontaine merveilleuse N'est plus un torrent furieux. Le long des campagnes fleuries, Sur le sable et sur les cailloux, Elle caresse les prairies Avec un murmure plus doux. Alors elle souffre sans peine Que mille différents canaux Divisent au loin dans la plaine Le trésor fécond de ses eaux. Son onde toujours épurée, Arrosant la terre altérée, Va fertiliser les sillons De la plus riante contrée Que le Dieu brillant des saisons, Du haut de la voûte azurée, Puisse échauffer de ses rayons. Mais ce sentier, tout escarpé qu'il semble, Sans doute Amour l'adoucissait pour eux ; Car nul chemin ne paraît raboteux À deux amants qui voyagent ensemble. La barbe longue, la peau bise. Un gros volume dans les mains. Une mandille2 noire et grise. Et le cordon autour des reins. C'est, dîmes-nous, un solitaire Qui pleure ici ses vieux péchés. Bonjour notre révérend père ; Vous voyez dans votre tanière Deux étrangers qui sont fâchés D'interrompre votre prière. Qu'est-ce donc, insolents! Hé, quoi! Est-ce ainsi qu'on me rend visite.' Osez-vous, sans pâlir d'effroi, Prendre pour un coquin d'hermite Un personnage tel que moi ! Je suis... |
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Jean-Jacques Lefranc (1709 - 1784) |
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Portrait de Jean-Jacques Lefranc | |||||||||