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Jean-Joseph Vadé



Histoire de mlle manon - Chanson


Chanson / Poémes d'Jean-Joseph Vadé





Qui veut savoir l'histoire entière
De mamseile
Manon la couturière
Et de monsieur son cher amant
Qui l'aimait zamicalement ?



Ce jeune homme-cy, t'un beau dimanche
Qu'il buvait son d'mistier' à la
Croix-Blanche,
Fut accueilly par des farauts
Qui raccolient zen magner de crocs.



L'un d'eux ly dit :
Voulez-vous boire À la santé d'un roi couvert de gloire ? À sa santé?
Dit-y,
Zoui-dà,
II mérite bien c't honneur-là.



Y n'eut pas plutôt dit la chose,
Qu'un raccolleur dix écus ly propose

En lui disant, en abrégé,
Qu'avec eux t-il est zengagé.

Oh! c' n'est pas comm'ça qu'on zengage,
Répond le jeun' garçon faisant tapage.



Y au guet !
Y au guet !
Y au guet !
Y au guet !
Le guet vient pour savoir le fait.

Pour afin d'éclaircir l'affaire
L'guet les mène trestous cheux l'commissaire
Qui condamne l'jeune garçon
D'aller faire un tour t'en prison.



Ah ! voyez t'un peu l'injustice
De ces messieux les gens de la justice :
Ils vous jugeont sans jugement,
Sans sçavoir l'queul qu'est l'innocent.



Sachant cela
Manon zhabile,
S'en va tout droit de cheux
Monsieur d'Marville
Pour lui raconter zen pleurant
Le malheur de son accident

Monsieur le lieutenant de
Police
Soit par raison d'État, ou par malice



Dit :
Mam'sell, quoiqu'vous parlés bien,
Vot serviteur, vous n'aurés rien.

Là d'ssus ste pauvre chère amante
Pleure encore un prit brin pour qu'ça le tente;
Mais voyant qu'ça n'opérait pas,
Pour la
Cour ail part de ce pas.



À
Fontainebleau zelle arrive.
Quasi presque toute aussi morte que vive,
S'jette au col de
Monsieur d'Villeroy,
Qu'aile prit d'abord pour le
Roi'.



Monsieux, vot'sarvante...
J'suis l'votre,
S'nest pas moy qu'est l'Roi, dit-il, c'est un autre.
Mon enfant t'nés. l'vlà tout la bas...
Ah
Monsieux je l'vois, n'bougés pas.



Sire, escusés si j'vous dérange ;
Mais c'est que je ne dors, ne bois, ny mange
Du depuis que l'Amant que j'ay
Sur vot' respect est engagé.



On zy a forcé signature
De signer un papier plein d'écriture;
Il ne serait point zenrôlé
Si y on ne l'avait pas violé.



Le
Roi, qu'est la justice même.
Dit :
Vous méritez qu'vote amant vous aime;
Puis lui fit donner mil zécus
Et le congé par là-dessus.



Ah ! dit-elle, roi trop propice
S'il y avait queuqu'chose pour vot' sarvice
Je pourrions nous employer, dà...
L'roi dit qu'il n' voulait rien pour ça.



De
Paris regagnant la ville,
Elle rêva de cheux monsieu d'Marville :
M' faut mon amant, rendez-le-moi ;
T'nez, lisez, v'ià l'ordre du
Roi.



Il est trop tard, mademoiselle.
Quand il s'rait encor plus tard, ly dit-elle,
M' faut mon amant, je l'veux avoir,
Non pas demain mais drès ce soir.



L' magistrat, voyant ben que c't ordre
Allait lui donner du fil à r'tordre,
Fit venir le jeune garçon
Et puis le remit à
Manon.



Vous jugez comme ils s'embrassèrent,
Et puis ensuite comme ils s'épousèrent;
Et l'on entend dire en tout lieu
Que c'est un p tit ménage de
Dieu.



Filles qui faites les fringantes,
Parmi vous ttouve-t-on de telles amantes ?
Profitez de cette leçon,
Vous aurez le sort de
Manon.

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Jean-Joseph Vadé
(1720 - 1757)
 
  Jean-Joseph Vadé - Portrait  
 
Portrait de Jean-Joseph Vadé
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