Jean-Nicolas-Marcellin Guérineau de Saint-Péravy |
Romance à mettre en musique, ou, en anendant, sur l'ait de la Romance de Daphné". Dans cette heureuse contrée, Où le Tibre en ses replis Roule son onde dorée. Ma vue au loin égarée Errait parmi les débris. Le dieu des ombres légères M'invitait au doux repos, Quand d'antiques caractères Suspendirent mes paupières Qu'allaient fermer ses pavots. C'était la triste aventure De Lucrèce et de Tarquin ; J'en ai calqué la peinture. Puisse ta race future Me savoir gré du larcin. Lucrèce eut une âme tendre Avec un coeur vertueux : Tarquin ne put s'en défendre, Et le défaut de s'entendre Fit le malheur de tous deux. Un jour tout parfumé d'ambre Méditant d'heureux efforts : Il la surprit dans sa chambre, On n'avait point d'antichambre. On ne sifflait point alors. Lucrèce reste muette ; Mais prenant un autre ton, Elle court à sa sonnette. Il en avait, en cachette. Exprès coupé le cordon. À ses pieds il tombe, il jure Qu'il sera respectueux ! Que sa flamme est vive et pure ! On dit qu'en cette posture Un homme est bien dangereux'. Tarquin devint téméraire : Lucrèce a recours aux cris ; Elle tombe en sa bergère. Le pied glisse d'ordinaire Sur les parquets sans tapis. Au sein des exploits qu'il ose. Il éprouve au même instant Certaine métamorphose. Si trop d'amour en est cause. J'aime mieux n'aimer pas tant. Dans le courroux qui l'enflamme, Lucrèce cède au dépit ; On dit qu'elle en rendit l'âme. Dans notre siècle une femme A plus de force d'esprit. |
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Jean-Nicolas-Marcellin Guérineau de Saint-Péravy (1735 - 1789) |
Portrait de Jean-Nicolas-Marcellin Guérineau de Saint-Péravy |