Joachim Bernier de La Brousse |
L'oiseau miraculeux de l'heureuse Arabie Qui vit sans parangon sous le manteau des cieux, Quand il a sillonné le grand fleuve oublieux ', Il respire en son corps une seconde vie. Sur le front d'un rocher d'un bois d'Ethiopie, Il desseigne son nid, puis élevant ses yeux Vers la pente du ciel, le soleil radieux S'élance en un moment sur sa plume envieillie. Moi, Phénix des amants, je me niche à dessein, Et construis mon bûcher sur les monts de ton sein Du bois de mon amour, des fidèles l'élite, Puis battant ardemment l'aile de mon désir, Ton bel oil, mon soleil, à qui j'ose m'offrir, Me tue incontinent, et puis me ressuscite. C'est une folie extrême D'être fidèle en amour. Il faut aimer qui nous aime, Et changer de jour en jour. Qui un seul but se propose Ne fait jamais grande chose. Les dames aiment le change ', Et n'ont jamais de dessein Qui n'ait toujours du mélange, Et double ainsi que leur sein : Ne blâmez telle aventure, C'est l'effet de leur nature. L'une aimera la richesse, L'autre aimera les discours, Celle-ci l'art et l'adresse, Celle-là le jeu d'Amours; Jamais d'une même sorte Ce faux sexe ne se porte. Aimez et soyez fidèle, Vous deviendrez odieux. Feignez, soyez infidèle, On vous recherche en tous lieux. Ainsi changeant de figure, Se déguise leur nature. Et plus fol qui conjecture Sans dommage et sans méchefa Bien garder une serrure, Dont chacun porte la clef, Il n'est de place tant forte Où l'on n'entre de la sorte! C'est donques folie extrême D'être fidèle en amour, Il faut aimer qui nous aime, Et changer de jour en jour. Qui divers buts se propose Fait souvent quelque grand'chose. |
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Joachim Bernier de La Brousse (1580 - 1623) |
Portrait de Joachim Bernier de La Brousse |