Joachim du Bellay |
J'ai de vous voir beaucoup plus grande envie, Qu'un prisonnier de voir sa liberté, Ni qu'un aveugle a de voir la clarté, Ni qu'un mourant de se revoir en vie. Amour le veut, mon désir m'y convie, Mais quelque dieu, ou quelque astre irrité, M'a, sans avoir ce malheur mérité, De vous ouïr la puissance ravie. Je puis bien voir cette grande beauté, Mais je ne puis, ô quelle cruauté ! Ouïr la voix d'une si belle Dame. Hélas, Amour, le plus puissant des Dieux, Rends-moi l'ouïe, et m'aveugle les yeux, Car je la vois assez des yeux de l'âme. Ce ne sont pas ces beaux cheveux dorez, Ny ce beau front, qui l'honneur mesme honnore, Ce ne sont pas les deux archets encore De ces beaux yeux de cent yeux adorez : Ce ne sont pas les deux brins colorez De ce coral, ces lèvres que j'adore, Ce n'est ce teinct emprunté de l'Aurore, N'y autre object des cours énamourez : Ce ne sont pas ny ces lyz, ny ces rozes, Ny ces deux rancz de perles si bien closes, C'est cet esprit, rare présent des deux : Dont la beauté de cent grâces pourvëue Perce mon ame, et mon cour, et mes yeux Par les rayons de sa poignante vëue. |
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Joachim du Bellay (1522 - 1560) |
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Portrait de Joachim du Bellay | |||||||||
Biographie / OuvresJoachim du Bellay est né au château de La Turmelière, en Anjou, en 1522. Il est originaire d'une famille de cardinaux, de diplomates et de gouverneurs. Orphelin de père et de mère avant qu'il n'ait 10 ans, il est confié à la tutelle de René, son frère aîné. Ce dernier le néglige. Si l'on en croit les propres affirmations de Joachim du Bellay, il a une enfance triste, solitaire à la Turmelière dans |
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