Jules Verne |
Allons ! un compliment ! les nouvelles années Le veulent ! - aujourd'hui ! peut-on complimenter ? Avez-vous, dites-moi, quelques fleurs non fanées Qu'en bouquet, dans ce jour, je vous puisse apporter ? Des souhaits ! - Vous goûtez un bonheur sans mélange ! Peut-on couler des jours plus heureux et plus doux Que ceux que le soleil, comme votre bon ange, En cette belle année a fait briller pour vous ! Pour vous, que désirer, vous dont le cour se noie Dans un plaisir si vrai qu'il n'a jamais cessé ; Sinon que vous voyez d'un ceil rempli de joie Dans un doux avenir revivre le passé ! Bravo ! Vous avez vu votre sûre fortune S'accumuler, s'accroître en dépit des méchants ; Vous avez vu des gens assurer que la lune Pouvait facilement se prendre avec les dents. Bravo ! Vous avez vu le pouvoir arbitraire Injustement raidir les rênes de l'Etat ! Vous avez vu pleurant, pleurant ! la pauvre mère Trembler de voir son fils partir comme soldat ! Bravo, vous avez vu gaspiller les finances, Et vous avez payé ces voleurs haut placés Qui pour mener grand train leurs sales indigences, Et vous marcher dessus, n'avaient jamais assez ! Bravo ! Vous avez vu d'indignes journalistes, Insatiables Dracon, au pays rougissant Jeter insolemment leurs déshonnêtes listes, Que la haine écrivit, mais en lettres de sang ! Bravo ! Vous avez vu d'infâmes circulaires, Aux pâles habitants, qui frémissent encor Mettre la torche en flamme aux mains incendiaires, Et menacer la France, et de vol et de mort. Bravo ! Vous avez vu s'étendre la ruine Sur vos femmes, vos fils, vos parents, vos amis, Et vos pères, fuyant la dévorante mine, Aller chercher refuge au sein des ennemis ! Bravo ! Vous avez vu des fourbes interprètes Promener un niveau qui penchait d'un côté, Vous avez vu des gens fouler aux pieds vos têtes, En proclamant bien haut la noble égalité ! Bravo ! Vous avez vu les plus horribles guerres, Hisser le drapeau rouge au mur ensanglanté, Français, et par milliers, ivres et fous, vos frères S'entregorger au nom de la fraternité ! Bravo ! Vous avez vu de ces bourbiers fétides Noires sales, surgir les médiocrités, Et sous leurs vils décrets, lâches, liberticides, En riant, écraser vos propres libertés ! Bravo ! Vous avez vu couronner la sottise, Nommer opinion un sot entêtement, Gloire, un peu de faveur avec bassesse acquise, Honorer, saluer chaque déguisement ! Bravo ! Vous avez vu la divine puissance Méprisée en faveur d'un pouvoir inconnu, Vu le premier brigand trafiquer de la France Et la perdre ! - Voilà ce que vous avez vu ! Mais vous n'avez pas vu de prospérités ceinte Vous semant sans grand bruit ses mystérieux effets Et conduite par Dieu, la Liberté si sainte, Dans sa marche prudente enfanter le progrès ! Non ! vous n'avez pas vu la paix douce et tranquille Les lumières de tous en son sein recevoir Et jetant d'heureux jours à son peuple docile, Doubler votre bonheur, en doublant votre espoir ! La république n'est qu'une fille publique, Gens d'en haut, et bien plus, à ce point sans pudeur ! Qu'elle vous raccrochait pour mener sa boutique Et qu'elle vous payait, vous, ses entreteneurs ! Soyez gais et contents ! tressaillez dans vos âmes ! Car vous avez vu, nobles cours, aujourd'hui L'infamie, à la main des gens les plus infâmes ! Oui ! vous avez vu mil huit cent quarante huit ! Au loin, les compliments ! Ce serait un mensonge ! Taisez-vous, devant Dieu, Dieu que vous profanez ! Vous avez dans le cour un ver qui vous le ronge, L'égoïsme ! il est là ! Français ! vous en mourrez ! Vous habillez votre âge avec l'indifférence ! Vous buvez à l'envi ce glacial poison ! Mais ne pas s'émouvoir aux malheurs de la France, C'est un crime, Français, de haute trahison ! Oh ! que vous êtes beaux, quand devant l'infamie Vous vous agenouillez ! Nous savons ce que vaut Votre approbation ! Quand votre bouche crie, Quand vous battez des mains, bravo, bravo ! bravo !! Arrière, compliments ! Que le cour se réveille Et prie avec ferveur ! Que nous puissions enfin Foulant, foulant aux pieds décembre de la veille, Montrer avec orgueil Janvier du lendemain ! Français, nous dirons tous que Dieu fait condescendre Aux larmes, aux souhaits de ses enfants aimés, Si la nouvelle année en bonheur peut nous rendre Tout ce que de malheurs l'ancienne a renfermés !! |
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Jules Verne (1828 - 1905) |
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Portrait de Jules Verne | |||||||||
Biographie / OuvresJules Verne naquit à Nantes le 8 février 1828. Son père, Pierre Verne, fils d'un magistrat de Provins, s'était rendu acquéreur en 1825 d'une étude d'avoué et avait épousé en 1827 Sophie Allotte de la Füye, d'une famille nantaise aisée qui comptait des navigateurs et des armateurs. Jules Verne eut un frère : Paul (1829 - 1897) et trois soeurs : Anna, Mathilde et Marie. À six ans, il prend ses premi ChronologieLA VIE ET L'OEUVRE DE JULES VERNE |
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