Jules Verne |
C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit ' Que ma... devant moi s'est montrée Comme au jour d'un hymen pompeusement parée ; Le bonheur n'avait point altéré sa bonté, Même elle avait encor cette amabilité Dont elle eut toujours soin de parer son visage Pour montrer que la paix règne dans son ménage. « Ris donc, m'a-t-elle dit,... digne de moi, « Ma fille du destin suivant la douce loi « Vient de prendre un mari tout aussi bon qu'aimable ; « Je te plains de ne pas être en un cas semblable, «... !» puis je la vis près de moi s'avancer Déjà je lui tendais les mains pour l'embrasser, Mais je n'ai plus trouvé que quelque chose étrange, Le vide qu'en fuyant vers le ciel laisse un ange, Un néant tout obscur, que mes bras désireux En cherchant vainement se disputaient entre eux ! - Fichtre -. Dans ce désordre à mes yeux se présente Un jeune homme ayant plus de dix livres de rente, Tout aussi sain d'esprit que quand on n'a pas bu. Sa vue a ranimé mon esprit abattu. Mais lorsque, revenant de mon trouble funeste, J'admirais sa douceur, son air noble et modeste, J'ai reçu dans le dos un rude coup de pied ; Même il avait, je crois, des clous à son soulier. - De tant d'objets divers le byzarre assemblage Peut-être du hasard vous paraîtra l'ouvrage ; Et ce coup, tout d'abord aveuglé par ma peur, Je l'ai pris pour le choc d'un navire à vapeur !! Mais de ce souvenir, mon âme possédée Deux fois en dormant senti la même idée ; Deux fois mon triste dos s'est vu trop menacer Par ce pied vigoureux tout prêt à le frapper. Las enfin de penser que je voyais ma vie Dépendant du vouloir de ce pied, infamie ! Je me levai, je pris mes bottes, puis tel quel, Je sortis : mais voyez ce qu'est l'esprit mortel. Par instinct chez ma... est ma marche attirée ; D'implorer son appui, je conçus la pensée ; J'ai cru qu'elle pourrait avec son air si doux, De ce pied, quel qu'il fût, apaiser le courroux ! J'entendais à la porte un beau chant de tendresse ; J'entre, voilà qu'on rit, et la chanson qui cesse, Ma... près de moi s'élance avec bonheur ! Pendant qu'elle parlait, ô surprise, ô terreur ! J'ai vu le long pied dont ma vie est menacée, Tel qu'un songe effrayant l'a peint à ma pensée ; Je l'ai vu son même air, avec son soulier fin, Son talon, sa semelle, et tous ses clous enfin. C'est lui-même ; il était auprès de ma... Et c'était le pied du sire de... - La nuit à son amour je rêvais ; lui jaloux M'avait fait dans le dos sentir tout son courroux. - Je ne rêverai plus, non, à celle qu'il aime. Non ! car j'aime mon dos, et d'un amour extrême ; Je ne veux pas ainsi me faire rompre les os ! Qu'il garde son épouse - et je garde mon dos ! |
Contact - Membres - Conditions d'utilisation
© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Jules Verne (1828 - 1905) |
|||||||||
|
|||||||||
Portrait de Jules Verne | |||||||||
Biographie / OuvresJules Verne naquit à Nantes le 8 février 1828. Son père, Pierre Verne, fils d'un magistrat de Provins, s'était rendu acquéreur en 1825 d'une étude d'avoué et avait épousé en 1827 Sophie Allotte de la Füye, d'une famille nantaise aisée qui comptait des navigateurs et des armateurs. Jules Verne eut un frère : Paul (1829 - 1897) et trois soeurs : Anna, Mathilde et Marie. À six ans, il prend ses premi ChronologieLA VIE ET L'OEUVRE DE JULES VERNE |
|||||||||