Léo Ferré |
Horizon bel été en robe de velours Qui plisse dans le vent glacé des quadratures ô misérable courbe où se courbent les jours Combien nos yeux perdus d'avance te rassurent! Tout est courbe ici même et la toupie et l'homme Regarde-nous Seigneur nous tournons tous en rond L'univers même lui est rond comme une pomme Einstein te l'a croqué avec une équation! Tu es le circonflexe adoré de la nuit Le terminus ailé de nos pattes terriennes Et portes sur ton dos une croix que l'on dit Faite de notre bois et plantée sur nos peines Et que te reste-t-il Seigneur de tes mystères? Cet horizon sans fin où nous escaladons Cette mémoire courbe aussi où s'exaspèrent A remonter nos souvenirs à reculons? Les voix que l'on entend chanter derrièr' le monde? Les procédures innommables de tes gens? La terreur de dormir quand la mort fait sa ronde Ou ce confessionnal où tremblent tes amants? Si tu venais ce soir et t'asseoir à ma table Nous porterions un toast à qui Seigneur? A la pierre qui fend sous la glace et la fable? A l'homme qui sourit par-delà son malheur? Je prendrai tes deux mains de brume dans mes mains Et les tendrai vers quoi je ne puis tendre seul Vers l'horizon glacé où frappent nos destins En criant : « Ouvre donc, je ne suis plus tout seul! » Mais vous n'apparaissez qu'au pape ma parole! Venez donc par ici où nos viandes s'encornent Apparaissez dans l'autobus, sous la Coupole Quand Cocteau vend Genêt pour un bout de bicorne! |
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Léo Ferré (1916 - 1993) |
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Portrait de Léo Ferré | |||||||||
biographiePoète... vos papiers !, poèmes (La Table ronde, 1956) La Nuit, feuilleton lyrique (La Table ronde, 1956) Mon programme, plaquette auto-éditée (1968) Benoît Misère, récit (Robert Laffont, 1970) Il est six heures ici et midi à New York, plaquette auto-éditée (Gufo del Tramonto, 1974) Je parle à n'importe qui, plaquette auto-éditée (Gufo del Tramonto, 1979) |
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